Le parquet de Paris a demandé le renvoi en correctionnelle de la compagnie Air France pour négligence dans la formation des pilotes, suite au crash en 2009 du vol AF447 entre Rio de Janeiro et Paris qui avait fait 228 morts. Un non-lieu est requis pour Airbus, dont l’A330-200 s’était écrasé en plein Atlantique après un givrage de ses sondes Pitot.

Depuis la fin de l’enquête judiciaire en mars dernier, les familles des victimes du Rio-Paris attendaient avec impatience un procès « au cours duquel Airbus et Air France s’honoreraient de s’expliquer sur leur responsabilité respective », les deux étant mis en examen pour homicide involontaire depuis 2011. Dans son réquisitoire daté du 12 juillet 2019, le parquet de Paris a selon Le Figaro demandé le renvoi en correctionnelle de la compagnie aérienne, considérant qu’elle a « commis une négligence et une imprudence » dans la formation des pilotes, qui malgré plusieurs incidents liés aux sondes Pitot lors des mois précédents n’auraient pas eu « suffisamment d’informations sur la procédure à suivre » en cas d’indications de vitesse erronées à haute altitude. Le réquisitoire précise : « Cette négligence et cette imprudence sont en lien certain avec l’accident, dans la mesure où les pilotes, insuffisamment informés, ont ressenti une forte surprise lors de la déconnexion du pilotage automatique et n’ont pas pu avoir la réaction appropriée ». En revanche ce même parquet a requis un non-lieu pour Airbus, estimant qu’il n’existe « pas de charges suffisantes » pour un renvoi en correctionnelle.

Air France a réagi hier, indiquant selon le quotidien qu’elle allait qu’elle allait « confirmer sa demande de non-lieu dans les observations en réponse qu’elle va adresser aux juges d’instruction ». Airbus n’a de son côté pas fait de commentaire. La présidente de l’association des proches des victimes Entraide et solidarité AF447, Danielle Lamy, a déclaré sur France Bleu Orléans ne pas comprendre la décision du Parquet : « j’ai déjà déclaré une première fois qu’Airbus semblait intouchable, cette fois-ci ça se vérifie (…). La décision qui a été prise par les procureurs n’est pas une décision judiciaire, mais une décision politique ». Celle qui a perdu un fils dans l’accident se dit « en colère parce que cela fait 10 ans que les familles attendent, elles ont absolument besoin de ce procès » avec Air France et Airbus ; l’avionneur est selon elle « arrogant et incapable de reconnaître ses torts, mais s’il est tellement innocent, il ne craint rien d’un procès ».

Rappelons qu’en juillet 2012, le rapport final du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA) sur le crash du vol AF447 avait décrit un enchainement de facteurs techniques et humains. L’enquête technique (suivie par une bataille d’experts) avait mis en cause le givrage en vol de sondes Pitot, qui avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’Airbus A330 et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’appareil. Il appartient aux juges d’instruction du pôle accidents collectifs du tribunal de Paris de suivre ou non les réquisitions du Parquet.

Crash du Rio – Paris : Air France en correctionnelle, pas Airbus ? 1 Air Journal

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