La compagnie aérienne Air France affirme que la future écotaxe se sera pas répercutée sur le prix du billet d’avion. Elle serait éventuellement intéressée par une version allongée de l’Airbus A220, dont elle vient de commander 60 exemplaires fermes plus autant d’options et de droits d’achats.

La directrice générale de la compagnie nationale française Anne Rigail l’affirme sur France Info : « l’éco-contribution » dévoilée par le gouvernement le mois dernier, une taxe de 1,5 à 18 euros par billet d’avion qui sera mise en place l’année prochaine sur les vols au départ de la France, sera indolore pour les passagers. « À chaque fois que nous avons une taxe de plus, et nous en avons une longue expérience, cette taxe n’est jamais transférée au client car nous sommes dans une concurrence totale, mondiale », a déclaré la dirigeante. L’écotaxe devrait coûter 60 millions d’euros à Air France, « qui vont peser directement dans nos résultats » et s’ajouteront aux redevances déjà infligées à hauteur de 1,6 milliards d’euros – mais ne seraient donc pas répercutés sur le prix du billet d’avion.

Anne Rigail n’a toutefois pas manqué de dénoncer les incohérences de l’écotaxe « fléchée sur le transport routier, donc sa vertu écologique peut s’interroger », et sur les infrastructures ferroviaires « qui sont déjà largement subventionnées par l’argent public, alors que le transport aérien paye l’intégralité de ses infrastructures via ses taxes ». « Nous aurions mieux compris si cette écotaxe était fléchée vers la transition énergétique du transport aérien », a-t-elle ajouté, par exemple en créant une filière biocarburant – qui se dessine déjà dans le transport aérien. Après l’annonce de l’écotaxe, Air France rappelait que le groupe s’est engagé aux côtés de l’ensemble des acteurs du secteur pour réduire ses émissions de CO2 de 50% à l’horizon 2050, en ligne avec les objectifs des accords de Paris. LA compagnie aérienne contribue depuis 2012 au système d’échange de quotas d’émission de l’Union Européenne ETS et à partir de 2021 au mécanisme CORSIA pour les vols internationaux, soit déjà 200 millions d’euros par an pour le groupe Air France-KLM à l’horizon 2025.

La réduction de son empreinte environnementale était aussi citée par la compagnie de l’alliance SkyTeam lors de la signature la semaine dernière d’un protocole d’accord pour l’acquisition de 60 Airbus A220-300 fermes, plus 30 options et autant d’engagements d’achat : l’A220-300 « génère 20% d’émissions de CO2 en moins comparé à des appareils de sa catégorie, et est deux fois moins bruyant ». Une commande permettant la flexibilité selon le CEO du groupe Air France-KLM Benjamin Smith, qui a souligné dans Flightglobal qu’il pourrait être intéressé par une version allongée du monocouloir créé au Canada sous le nom CSeries, si jamais elle est lancée : l’A220 « est un excellent outil » pour restructurer le court- et moyen-courrier d’Air France, spécialement sur le réseau intérieur. Airbus proposera l’année prochaine une version de l’A220 à la MTOW augmentée pour en améliorer le rayon d’action ; les ailes de l’appareil peuvent déjà supporter une version allongée, déclarait en 2016 le CEO de Bombardier Fred Comer à Flighglobal. L’A220 est déjà proposée en deux versions, A220-100 (entré en service chez Swiss et Delta Air Lines) et l’A220-300 (chez airBaltic et Korean Air entre autres).

L’A220 ne rendra pas à lui seul rentable le moyen-courrier d’Air France, Benjamin Smith évoquant les risques créés par « une multitude d’initiatives et l’environnement opérationnel » comme le développement du TGV ou l’écotaxe justement. La restructuration de HOP qui a déjà commencé, l’évolution de Transavia France ou l’optimisation des Navettes à Orly sont au cœur d’un « énorme effort » pour rendre les vols intérieurs rentables, souligne le CEO qui rappelle que tous ces éléments sont « interconnectés ».

Air France : écotaxe sans impact sur les prix, A220 allongé 1 Air Journal

©Airbus