La compagnie aérienne Qantas va tester des vols directs entre Sydney et Londres ou New York afin d’étudier l’impact sur les passagers de vols de plus de 19 heures.

Des vols de livraison de Boeing 787-9 Dreamliner en octobre, novembre et décembre 2019 seront utilisés par la compagnie nationale australienne pour étudier l’impact des vols ultra-longs sur la santé des passagers. Au lieu de voler à vide de Seattle vers l’Australie, les appareils simuleront les deux itinéraires visés par le projet Sunrise, reliant sa base à Sydney-Kingsford Smith aux aéroports de Londres-Heathrow et New York-JFK. Chaque vol comptera au maximum 40 personnes, équipage compris, « afin de minimiser le poids et de fournir la autonomie de carburant nécessaire », souligne Qantas dans un communiqué, les émissions de carbone provenant des vols devant être « entièrement compensées ». Les passagers en cabine, « en majorité des employés de Qantas », seront équipés de dispositifs portables et participeront à des expériences spécifiques à différentes étapes des 19 heures de vol environ.

Des scientifiques et des experts médicaux du Centre Charles Perkins surveilleront « les habitudes de sommeil, la consommation d’aliments et de boissons, l’éclairage, les mouvements physiques et les divertissements en vol » afin d’évaluer leur impact « sur la santé, le bien-être et l’horloge biologique ». Des chercheurs de l’Université Monash travailleront avec les pilotes pour enregistrer les niveaux de mélatonine de l’équipage avant, pendant et après les vols ; ces pilotes porteront un EEG (électroencéphalogramme) permettant de suivre l’évolution des ondes cérébrales et de surveiller leur vigilance, avec pour objectif d’établir « des données permettant d’aider les pilotes effectuant des vols long-courriers à établir un régime de travail et de repos optimal ». La recherche à bord de ces vols est conçue en partenariat avec le Centre Charles Perkins de l’Université de Sydney et l’Université Monash, en collaboration avec le CRC pour la vigilance, la sécurité et la productivité.

Le directeur général de Qantas Group Alan Joyce souligne que ces vols spéciaux donneront aux experts médicaux la possibilité de mener « des recherches en temps réel, qui se traduiraient par des avantages pour la santé et le bien-être. Les vols à très longue distance soulèvent de nombreuses questions de bon sens sur le confort et le bien-être des passagers et des équipages. Ces vols vont fournir des données précieuses pour vous aider à y répondre. Pour les clients, la clé sera de minimiser le décalage horaire et de créer un environnement propice à un vol reposant et agréable. Pour l’équipage, il s’agit de recourir à la recherche scientifique pour déterminer les meilleures opportunités de promouvoir la vigilance lorsqu’ils sont en service et de maximiser le repos pendant leur temps libre sur ces vols ».

Voler sans escale de la côte est de l’Australie vers Londres ou New York « est vraiment la dernière frontière de l’aviation. Nous sommes donc déterminés à faire tout le travail de fond pour y arriver », a ajouté le dirigeant de la compagnie de l’alliance Oneworld. « Aucune compagnie aérienne n’avait fait ce type de recherche spécifique auparavant, et nous utiliserons les résultats pour nous aider à façonner la structure de la cabine, le service en vol et la composition de la composition de l’équipage du projet Sunrise. Nous verrons également comment l’utiliser pour améliorer nos vols long-courriers existants ».

Qantas a déjà réalisé des données sur les stratégies de sommeil des passagers sur son service direct Perth – Londres, dont elle célébrait en avril les records, et certaines de ces conclusions initiales seront évaluées plus avant dans le cadre de ces vols de recherche dédiés. Les commentaires des clients sur les choix alimentaires, les zones d’étirement et de bien-être séparées et les options de divertissement seront également testés. Les conclusions sur les données relatives au bien-être de l’équipage seront communiquées à l’Autorité de la sécurité de l’aviation civile afin d’informer les exigences réglementaires associées aux vols très long-courriers. Qantas rappelle au passage qu’elle opèrera cet automne le premier vol direct au monde entre New York et Sydney d’une compagnie aérienne commerciale et, « pour la deuxième fois seulement » celui direct d’une compagnie aérienne commerciale entre Londres et Sydney.

Si le 787-9 vide peut réaliser ces deux itinéraires, Qantas doit annoncer d’ici la fin décembre quel avion elle compte commander pour cet usage spécifique – le choix étant réduit aux futurs Airbus A350-1000ULR et Boeing 777-8, ce dernier venant par ailleurs de voir son programme gelé. En attendant le lancement du projet Sunrise, initialement annoncé pour 2022, Singapore Airlines conserve le titre de vol le plus long au monde, entre Singapour et New York (durée de vol 18h25 à l’aller et 18h45 au retour, avec trois rotations hebdomadaires en A350-900 ULR pouvant accueillir 67 passagers en classe Affaires et 94 en Premium, soit 161 sièges au total).

Vols très très longs : Qantas teste son Project Sunrise 1 Air Journal

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