Le départ annoncé lundi du président de la compagnie aérienne Aigle Azur par un de ses actionnaires n’est pas du goût d’un autre beaucoup plus important, David Neeleman menaçant d’aller en justice pour rétablir à son poste Frantz Yvelin.

Détenant 32% du capital de la compagnie française, l’homme d’affaires brésilien n’a pas apprécié la manœuvre de Lu Azur (19%), dont le propriétaire Gérard Houa a déclaré le 26 aout 2019 avoir remplacé Frantz Yvelin comme président. Dans un courriel à ses avocats consulté par La Tribune, il « nie le pouvoir et les allégations de Gérard Houa déclarant à tort qu’il est le président d’Aigle Azur », et « nie aussi le pouvoir et la nomination de Philippe Bohn » (entre autres cofondateur et jusqu’en avril dernier directeur général d’Air Sénégal, et nommé lundi nouveau directeur général d’Aigle Azur). David Neelemean, qui assure avoir obtenu l’appui du groupe HNA (49% du capital), va donc déposer plainte pour « usurpation de la présidence » de la compagnie aérienne, mais aussi « perturbation des opérations et menaces pour les chances de survie » de celle-ci.

Frantz Yvelin, arrivé il y a deux ans à la tête d’Aigle Azur, avait annoncé il y a quinze jours la vente probable à la low cost Vueling des activités de la compagnie au Portugal, accusant les actionnaires de refuser de nouveaux investissements – M. Neeleman et HNA ont leurs propres difficultés financières. Gérard Houa et Philippe Bohn lui reprochent « les errements stratégiques des deux dernières années », et d’avoir tenu les actionnaires « dans l’ignorance » de la situation financière, alors que la direction « annonçait l’objectif d’un résultat à l’équilibre, voire légèrement excédentaire » (Aigle Azur disposerait de 25 millions d’euros de trésorerie). Et selon le quotidien économique, ils avancent le soutien de « salariés déterminés » et de certains syndicats comme le SNPNC-FO, qui avait déposé fin juillet un préavis de grève courant jusqu’au 31 octobre, et veulent remettre en cause le plan de redressement de Frantz Yvelin.

Rappelons que l’aventure d’Aigle Azur sur le long-courrier fera aussi les frais des problèmes financiers : les vols vers Sao Paulo-Viracopos, inaugurée en juillet 2018, ne sont plus proposés à partir du 10 septembre. Si cela se confirme, ce sera la fin de son activité long-courrier hors Afrique (Bamako), alors qu’elle espérait encore au printemps relancer des vols vers Pékin (une ligne suspendue à la fin de l’hiver dernier, après six mois d’activité)… Le sort des vols vers Beyrouth n’a pas été annoncé.

Présidence d’Aigle Azur : guerre déclarée entre les actionnaires 1 Air Journal

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