L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a autorisé les Etats-Unis à infliger des sanctions à hauteur de 7,5 milliards de dollars à l’Union européenne, dans la guerre transatlantique sur les subventions perçues par les avionneurs. Le prix des Airbus devrait augmenter de 10% dès le 18 octobre, au grand dam entre autres de la compagnie aérienne Delta Air Lines.

Suite au feu vert de l’OMC, le Représentant américain au Commerce (USTR) a publié le 2 octobre 2019 une liste des produits européens qui seront frappés sous quinze jours de droits de douanes supplémentaires, allant de 10% à 25% (sous réserve de feu vert le 14 octobre par l’OMC). La France, l’Allemagne, l’Espagne et le Royaume-Uni sont particulièrement visés dans le cadre du litige opposant depuis 15 ans les deux géants aéronautiques sur les subventions reçues par leurs gouvernements – que l’OMC vient de déclarer en partie « illégales » dans le cas de l’UE avec Airbus. Ce dernier prévient que la décision de l’USTR « créera de l’insécurité et perturbera non seulement le secteur aéronautique et spatial, mais également l’économie mondiale dans son ensemble ». Une telle situation peut toutefois être « évitée », le CEO Guillaume Faury expliquant dans un communiqué : « Airbus continuera à travailler avec ses partenaires, clients et fournisseurs américains pour faire face à toutes les conséquences éventuelles de l’application de tels droits de douane, qui constitueraient un obstacle au libre-échange et auraient un impact négatif non seulement sur les compagnies américaines mais également sur les emplois, les fournisseurs et les passagers américains ». Le dirigeant d’Airbus « espère donc que les États-Unis et l’UE accepteront de trouver une solution négociée avant de causer de graves préjudices au secteur aéronautique ainsi qu’aux relations commerciales et à l’économie mondiale ».

L’application de droits de douane des deux côtés de l’Atlantique aurait de graves répercussions sur les secteurs industriels des États-Unis et de l’UE, entraînant une augmentation des coûts liés à l’acquisition de nouveaux aéronefs tant pour les compagnies américaines que pour les compagnies européennes, rappelle Airbus. L’aviation est une industrie mondiale : « près de 40% des approvisionnements liés à des appareils Airbus proviennent de fournisseurs américains de produits aéronautiques et spatiaux. Cette chaîne d’approvisionnement américaine soutient 275.000 emplois dans 40 États américains, grâce à un volume de dépenses qui a totalisé 50 milliards de dollars au cours des trois seules dernières années ».

Un message repris entre autres par Delta Air Lines, gros client Airbus : le cours de son action a plongé mercredi de 6,1% à la bourse de New York, à l’instar de ceux d’American Airlines (-5%) ou United Airlines (-5,7%) – les cours de Boeing et Airbus reculant jusqu’à 2,9% et 2,5% respectivement. Une porte-parole de Delta, Lisa Hanna, a déclaré que l’imposition de tarifs douaniers sur les avions que les compagnies américaines se sont déjà engagées à commander « portera un grave préjudice aux compagnies aériennes américaines, aux millions d’Américains qu’elles emploient et au public voyageur », et « réduira aussi les profits de Delta ».

Dans les mois à venir, l’OMC déterminera le montant des contre-mesures douanières que l’UE pourra imposer à l’encontre des produits américains et notamment des avions Boeing importés, dans le cadre de la contre-procédure lancée parallèlement concernant les subventions illégales versées à Boeing. L’OMC « a déjà constaté que les États-Unis ont omis de remédier aux subventions illégales qui nuisent à Airbus. L’UE aura ainsi des raisons de revendiquer des contre-mesures à l’encontre des produits américains à un niveau qui pourrait dépasser les sanctions américaines », souligne l’avionneur européen. La Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, a réagi à la décision de l’OMC en affirmant qu’en cas de nouveaux droits de douane américains, l’UE « n’aura pas d’autre option que de faire la même chose » – tout en insistant sur la volonté de trouver un « règlement équitable » avec les Etats-Unis.

OMC : feu vert aux sanctions américaines contre Airbus 1 Air Journal

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