Boeing a publié hier le courriel envoyé à tous les salariés par son nouveau dirigeant, David L. Calhoun, égrenant les priorités de l’entreprise pour 2020 – avec en premier lieu remettre en service du 737 MAX et rétablir la confiance.

Après avoir pris le 13 janvier 2020 ses nouvelles fonctions de Président et CEO de Boeing, remplaçant Dennis Muilenburg qui avait démissionné à la veille de Noël en pleine crise du 737 MAX, David Calhoun a envoyé un courrier à tous les employés. A qui il a rappelé  entre autres priorités pour 2020 la volonté de remettre le 737 MAX en service en toute sécurité, rétablir la confiance chez des partenaires déçus, opérer avec excellence, maintenir la santé de la production – et investir dans l’avenir. Un texte publié in extenso par Boeing, intitulé « Travaillons ensemble pour changer notre entreprise pour le mieux » et que voici :

« Collègues »,

« C’est un honneur de rejoindre cette équipe et de contribuer à façonner l’avenir de Boeing avec vous. Cette entreprise possède un formidable héritage de réalisations aérospatiales, grâce à vos efforts et à la contribution des générations avant vous. J’honore cet héritage et j’apprécie votre engagement inlassable. Je reconnais également les enseignements – souvent douloureux – des expériences des 18 derniers mois que vous apportez à notre façon de faire des affaires ».

« C’est un moment crucial pour Boeing. Nous avons du travail à faire pour défendre nos valeurs et tirer parti de nos forces. Je vois de la grandeur dans cette entreprise, mais je vois aussi des opportunités pour être meilleur. Bien meilleur. Cela implique de s’engager mutuellement et avec nos parties prenantes dans une plus grande transparence, de nous tenir responsables des normes les plus élevées de sécurité et de qualité, et d’intégrer une perspective extérieure sur ce que nous faisons et comment nous le faisons ».

« Au cours de mes premiers jours et semaines en tant que président et chef de la direction, je serai à l’écoute de vous, de nos clients, de nos partenaires et de nos régulateurs afin de nous assurer que nous comprenons les attentes de nos parties prenantes et que nous sommes en voie de les satisfaire. Ce faisant, nous deviendrons plus forts en tant qu’entreprise et en tant qu’industrie ».

« À cette fin, je compte sur votre soutien pour ces priorités initiales pour 2020:

  • Remettre le 737 MAX en service en toute sécurité : tel doit être notre objectif principal. Cela implique de suivre l’exemple de nos régulateurs et de travailler avec eux pour nous assurer qu’ils sont entièrement satisfaits de l’avion et de notre travail, afin que nous puissions continuer à respecter nos engagements clients. Nous allons le faire et nous le ferons bien.
  • Rétablir la confiance : bon nombre de nos parties prenantes sont à juste titre déçus de nous, et c’est notre travail de réparer ces relations vitales. Nous le ferons en nous réengageant à la transparence et en répondant et en dépassant leurs attentes. Nous écouterons, demanderons des commentaires et répondrons de manière appropriée, urgente et respectueuse.
  • Se concentrer sur nos valeurs : Chaque jour, nous nous engageons à partager nos valeurs tout en renforçant notre culture. Votre voix est importante à cet égard. Nous favoriserons un environnement inclusif qui englobe la surveillance et la responsabilité, et met la sécurité, la qualité et l’intégrité au-dessus de tout.
  • Opérer avec excellence : l’excellence opérationnelle est la façon dont nous travaillons ensemble pour fournir des produits et services sûrs à nos clients, tout en améliorant continuellement nos paramètres de qualité. Cela nécessite une approche ciblée et nous devrons tous trouver des opportunités de simplification pour nous assurer que nous nous consacrons à ce qui compte le plus. Nous en sommes tous responsables.
  • Maintenir la santé de la production : nous continuerons de prendre des mesures pour maintenir notre expertise en matière de chaîne d’approvisionnement et de main-d’œuvre afin que nous soyons prêts à redémarrer la production et à augmenter le taux de manière sûre, intelligente et avec les normes de qualité les plus élevées.
  • Investir dans notre avenir : nos marchés sont en croissance, la demande des clients évolue, la concurrence s’intensifie et la technologie progresse à un rythme que nous n’avons jamais vu auparavant. Boeing doit continuer à innover pour réussir. Nous continuerons d’investir dans notre main-d’œuvre mondiale et dans de nouveaux processus et technologies, qui nous aideront à devenir plus sûrs et plus efficaces alors que nous définissons l’avenir de l’aérospatiale. Ce travail comprend la préparation de la première mission en équipage du CST-100 Starliner, les premiers vols des 777X et 737 MAX 10, la poursuite de la croissance de notre activité Global Services et la finalisation de notre partenariat Embraer ».

« C’est notre voie à suivre et je suis ravi d’en faire partie avec vous. Mes manches sont retroussées. Je sais que les vôtres le sont aussi. Dave »

Rappelons que le changement de gouvernance chez Boeing fait suite à la crise du 737 MAX, cloué au sol depuis mars 2019 suite à deux accidents en cinq mois qui ont fait 346 victimes chez Lion Air puis Ethiopian Airlines, et dont la production est suspendue. Les quelque 400 MAX déjà livrés il y a dix mois, et les 400 autres assemblés depuis attendent toujours la certification par la FAA de la mise à jour du logiciel anti-décrochage MCAS (mis en cause dans les deux accidents), probablement durant ce premier trimestre 2020. Et ce si les nouveaux problèmes dénoncés (câblage, manque d’isolant anti-foudre) ne créent pas d’obstacle supplémentaire au retour dans les airs du monocouloir remotorisé. Rappelons que les retards des vols inauguraux du 777X et du 737 MAX 10 devraient être plus faciles à régler, tandis que les principaux problèmes de la famille 787 Dreamliner sont dus à ses moteurs Rolls Royce – et donc pas du ressort de Boeing.

Cette crise aurait déjà coûté quelque 9 milliards de dollars à Boeing selon certaines estimations, tandis que le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin déclarait dimanche que la crise du MAX « pourrait avoir un impact sur le PIB de 50 points de base cette année » (un demi-point de croissance). Boeing a pourtant révélé que le CEO déchu Dennis Muilenburg, s’il ne touchera pas les bonus prévus (environ 44 millions de dollars à plus ou moins long terme), pourrait bénéficier d’environ 28,5 millions de dollars au titre des pensions (y compris ses propres contributions) – sans compter les actions qu’il détenait ou sur lesquelles il avait des options.

Les priorités de 2020 pour le nouveau chef de Boeing 1 Air Journal

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