La croissance des aéroports français a été brutalement stoppée par la crise du Covid-19 selon l’Union des Aéroports Français (UAF), qui demande des mesures fortes de report de charges sociales et fiscales.

L’UAF  présentait le 10 mars 2020 les résultats de son enquête statistique portant sur le trafic passager 2019 en France, qui a augmenté de 3,8% pour atteindre plus de 214 millions de passagers même si la croissance a ralenti au deuxième semestre. Mais les perspectives de trafic cette année s’annoncent « beaucoup plus sombres » : la crise du coronavirus viendra immanquablement impacter une croissance déjà affaiblie. La chute de trafic est estimée à ce jour dans les aéroports français autour de -20% au seul mois de mars, et la situation « devrait empirer très fortement dans les prochaines semaines avec l’effondrement de la demande, la reconfiguration de l’offre de sièges et les défaillances des compagnies aériennes les plus fragiles », prédit l’UAF. Qui entend donc faire part de sa « profonde inquiétude » sur l’impact économique de la crise du coronavirus sur le transport aérien, « sur la connectivité et l’attractivité des territoires » ainsi que sur les équilibres économiques des sociétés d’exploitation aéroportuaire ; la disparition de Flybe par exemple menacerait les comptes de huit aéroports britanniques.

Un sentiment détaillé la semaine dernière dans une étude de ForwardKeys, selon qui les réservations vers l’Europe étaient en baisse de 79% durant la dernière semaine de février, et de 71% vers la seule France. Les réservations en provenance de la région Asie-Pacifique ont diminué de 114,2% (les annulations dépassant les nouvelles réservations), suivies par celles depuis les Amériques (-68,1%) et depuis l’Afrique et le Moyen-Orient (-49,9%).

Lors de sa conférence de presse, le Président de l’UAF Thomas Juin a déclaré : « La crise du coronavirus aura un impact terrible sur le transport aérien et l’attractivité et la connectivité de nos territoires. L’urgence est là. L’UAF réclame des pouvoirs publics des mesures fortes de report de charges sociales et fiscales pour les entreprises du secteur ». Et demande l’annulation de l’écotaxe, mise en place début janvier malgré la colère générale du secteur. L’inquiétude est d’autant plus forte qu’approche la haute saison estivale : « Tout ce qui est perdu ne sera pas rattrapé », prédit le dirigeant.

En 2019, le nombre de mouvements d’aéronefs sur les aéroports français a augmenté de +1,5% et le trafic passagers de +3,8% ; l’emport moyen, signe de l’optimisation des capacités aéroportuaires, a encore augmenté en 2019 de +2,2%. C’est au second semestre 2019 que le ralentissement de la croissance s’est opéré selon l’UAF : +2,1% au second semestre contre +5,7% au premier semestre. Le ralentissement de la croissance est plus marqué en Europe qu’en France : la croissance du trafic dans l’Union européenne en 2019 a été de +3,3%, contre +5,4% en 2018 et +7,7% en 2017.

En 2019, les grands aéroports régionaux (plus de 5 millions de passagers) enregistrent la croissance la plus forte avec +6,9% contre +2,5% pour les plateformes parisiennes et les plateformes régionales (entre 1 million et 5 millions de passagers) et +0,2% pour les aéroports de proximité (entre 0,1 million et 1 million de passagers). Les grands aéroports régionaux ont représenté en 2019 près d’un tiers du trafic français (32,7%) et ont contribué à hauteur de 58% à la croissance nationale, explique l’UAF. Le trafic low-cost est le moteur principal de la croissance française : les compagnies aériennes low-cost ont contribué à hauteur de 58% à la croissance française pour atteindre en 2019 33% du trafic national (35% du trafic métropolitain). Le trafic international reste le segment de trafic le plus dynamique en France métropolitaine : en 2019, il a progressé de +4,6% contre +2% seulement pour le trafic domestique. L’international a contribué à hauteur de 89% à la croissance du trafic métropolitain.

L’UAF a d’autre part appris une bonne nouvelle : Bruxelles a accepté la mise en place « très vite » d’un moratoire pour la saison estivale sur la réglementation des créneaux horaires dans les aéroports congestionnés (« assurez 80% des vols prévus ou perdez vos slots »). Les compagnies aériennes et les associations internationales demandaient ce moratoire sur le « droit du grand père » appelé aussi règle du « use it or loose it », afin de ne pas entraver une éventuelle reprise du trafic aérien cet été. Mais la Commission a précisé que le cadre législatif devra être respecté – passage par le Parlement européen obligatoire donc, puis par les chefs d’Etat. Difficile de voir quiconque s’y opposer… 

Coronavirus : le cri d’alarme des aéroports français 1 Air Journal

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