A la sortie de la crise du coronavirus, les compagnies aériennes vont rechercher par tous les moyens à faire des réductions de coût dit “cost-cutting” pour se mettre à flot. Le site de notation Flight-Report détaille 10 différentes mesures qui impacteront fortement l’expérience passager.

1) Du fait d’une baisse de la demande, les compagnies aériennes vont devoir être particulièrement compétitives au niveau des prix tout en évitant de perdre encore de l’argent, prévoit Flight-Report. L’une des options est de dégrouper son produit (en anglais “unbundled“), cela consiste à séparer les différents éléments -bagage, choix du siège, repas- pour les facturer. Si cette pratique était auparavant observée uniquement en classe Economique, de nombreuses compagnies l’introduisent aussi jusqu’en classe Affaires. Ainsi, British Airways fait payer le choix du siège en classe Affaires (si vous n’avez pas de statut), Finnair introduit un tarif Business sans bagage en soute et Emirates, un tarif Business (pour certains marchés) sans chauffeur ni accès salon.

Coronavirus : 10 réductions des coûts qui impacteront l’expérience passager 1 Air Journal

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2) Les salons d’aéroports sont particulièrement appréciés des voyageurs fréquents, ils permettent d’attendre dans un calme relatif et loin de l’effervescence de la salle d’embarquement. En Europe, certaines compagnies européennes pourraient être tentées de s’inspirer des règles d’admissibilité en vigueur aux Etats-Unis en rendant payant l’accès aux salons pour les clients des vols domestiques et régionales (l’accès pourrait demeurer gratuit pour les clients abonnés et des billets flex). Cette mesure permettrait de faire rentrer de l’argent en vendant davantage d’accès salons -que cela soit à l’unité ou via des abonnements.

Service à bord dégradé
3) A bord, l’une des pistes d’économies est la suppression du siège neutralisé (celui du milieu inoccupé) en classe Affaires, voir même la suppression de la classe Affaires moyen-courrier. Par manque de différenciation et de valeur ajoutée, peu de clients (individuel ou organisation) sont prêts à payer pour ce produit. Les compagnies pourraient continuer à proposer un service amélioré pour les clients en correspondance.

4) Plus radicale est la suppression à moyen et long terme de la Première Classe pour deux raisons. Son manque de rentabilité du fait de sa grande empreinte au sol et de l’utilisation d’appareils plus petits comme le Boeing 787 et l’Airbus A350. Tristement, l’époque de l’A380 est révolue, avec son retrait progressif des flottes mondiales, des compagnies comme Qatar Airways ne proposeront bientôt plus de First Class alors qu’Air France verra son offre de sièges fortement diminuée.

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5) En Europe, Air France, Lufthansa et KLM proposent encore un service gratuit sur leurs vols moyen-courriers comprenant une boisson et un snack ou sandwich. Ces compagnies pourraient décider de s’aligner sur leurs concurrents British Airways, SAS, Iberia ou Finnair en ne proposant que de l’eau, du thé ou du café voire un service entièrement payant. Au-delà de l’économie générée, c’est une source de rentrée d’argent avec les ventes à bord.

6) Sur le long-courrier, et du fait de la pression sur les coûts d’exploitation, les compagnies pourraient supprimer les alcools servis gratuitement. Ceci a été observé chez les compagnies américaines après le 11 septembre 2001.

7) Cette crise aura aussi des répercussions sur les politiques de renouvellement de flotte, les compagnies étant dès à présent en négociation avec les constructeurs afin de différer voire d’annuler tout ou partie de leurs commandes à venir. De la même manière, les projets de retrofit des cabines vont être fort probablement retardés du fait du lourd investissement. Pour le client, cela signifie de voyager avec des avions moins récents et non modernisés pendant plus longtemps.

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8) Si la sécurité des vols est la priorité de toutes les compagnies aériennes, des coupes budgétaires sont cependant envisageables dans la maintenance “cosmétique” des sièges et des éléments de la cabine. Concrètement, cela se traduirait par des sièges et des cabines plus fatigués, avec des pièces non remplacées, les rustines et rubans adhésifs seraient de sortie comme nous le voyons déjà trop souvent sur certaines compagnies aériennes.

9) Enfin, les divertissements ne seront pas oubliés. Il est probable que des arbitrages soit fait dans la sélection des programmes et notamment des films, du fait du coût important des licences. Les clients observeront ainsi un plus faible renouvellement des films les plus récents.

10) Au niveau de la connectivité, la possibilité de se connecter à internet par WiFi est devenu incontournable, cependant, ce service coûte cher et les compagnies aériennes peinent à le rentabiliser du fait du montant prohibitif du transfert des données par satellite. Par mesure d’économie, il est probable que certaines compagnies suppriment leur WiFi ou tout du moins, enlèvent leurs offres gratuites afin d’espérer davantage de ventes additionnelles.

Baisse du prix du billet d’avion

Malgré ces nombreuses perspectives peu réjouissantes, des éclaircies existent pour les clients qui vont pouvoir aussi tirer bénéfice de cette situation. Les prix des billets d’avion vont encore baisser. Du fait de la chute de la demande, les compagnies aériennes sont prêtes à tout pour récupérer du cash et pour essayer de remplir leurs avions en particulier pour le troisième et quatrième trimestre de cette année, en proposant des promotions.

Les passagers encartés et disposant d’un statut profitent également d’un assouplissement des seuils de qualification comme chez British Airways ou Air France. Des compagnies sont plus généreuses et offrent même des extensions de statut, allant de 6 mois comme chez Turkish Airlines à 12 mois comme chez Delta Air Lines ou Qatar Airways.

Par ailleurs, conséquence de la mise en retraite précipitée des avions plus anciens, comme les Boeing 767 d’American Airlines ou les Boeing 747 chez KLM, les compagnies harmonisent et améliorent leur offre générale en ne gardant que les modèles les plus récents. Chez Air France, la sortie probable et accélérée des Airbus A380 va permettre de réduire le nombre de vols opérés avec un produit non compétitif, en particulier en Business et en La Première.

“Cette crise sans précèdent force le secteur aérien à se réinventer, les prochains mois s’annoncent difficiles, des faillites de compagnies aériennes sont inévitables et de nombreux salariés vont perdre leur emploi. Des réductions de coût sont inévitables, certaines compagnies n’hésiteront pas à prendre des mesures radicales afin de préserver leur trésorerie. Cela se traduira pour le client par de nombreuses dégradations du produit et de l’expérience passager dans son ensemble. Il sera d’ailleurs intéressant d’observer les arbitrages qui seront fait entre les compagnies. Cependant, la baisse du prix des billets d’avions et la prolongation des statuts sont des bonnes nouvelles”, conclut Flight-Report.

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