Face à la pandémie de Covid-19, le groupe Lufthansa attend toujours un accord avec le gouvernement sur un plan d’aide qui pourrait atteindre au moins 9 milliards d’euros, alors que sa rivale allemande Condor va recevoir 550 millions d’euros de prêts garantis par les pouvoirs publics.

Aucune somme recherchée n’a été officialisée par Lufthansa, mais de nouvelles discussions avec le gouvernement auraient échoué ce 28 avril 2020, le ministre de l’Economie allemand ayant déclaré hier que « tous les faits » doivent être mis sur la table avant de prendre une décision. L’agence DPA citait des sources gouvernementales pour un montant de 9 à 10 milliards d’euros, mais cela n’a pas été confirmé – pas plus que la répartition éventuelle entre aides directes et/ou garanties d’emprunts, voire prise de participation. La liquidité disponible s’élève à environ 4,4 milliards d’euros, et des mesures de financement totalisant environ 900 millions d’euros depuis la mi-mars « ont contribué à renforcer la liquidité » (lignes de crédit bilatérales tirées, prêts à court terme contractés). Cependant, « au vu des perspectives commerciales, des engagements de plusieurs milliards existants liés aux dettes fournisseurs et des remboursements de billets annulés ainsi que des remboursements à venir des passifs financiers », le Groupe prévoit une baisse significative de la liquidité « dans les prochaines semaines ». Et il ne prévoit pas d’être « en mesure de couvrir les exigences de fonds propres qui en découlent par de nouveaux emprunts sur le marché ». D’où les « pourparlers intensifs » avec les gouvernements de ses pays d’origine sur « différents instruments de financement » pour assurer durablement la solvabilité du Groupe dans un avenir proche.

Vendredi dernier, le groupe se disait incapable de prévoir quand les compagnies aériennes (Lufthansa, Brussels Airlines, SWISS, Eurowings et Austrian Airlines) pourront reprendre leurs opérations aériennes, au-delà des vols de rapatriement. Les restrictions de voyage mises en œuvre en raison de la propagation mondiale du coronavirus « ont eu un impact significatif » sur l’évolution des résultats du Groupe Lufthansa au premier trimestre 2020, selon des résultats préliminaires : le chiffre d’affaires a baissé de 18% à 6,4 milliards d’euros, et « rien qu’en mars » les revenus ont baissé de 47%, soit près de 1,4 milliard d’euros. Les réductions de coûts n’ont pu que partiellement compenser la baisse des revenus du trimestre, a précisé le groupe. Faute de visibilité, Lufthansa s’attend donc à une perte d’exploitation « considérablement plus élevée au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre ».

Les nouvelles pour sa rivale Condor, filiale du défunt groupe Thomas Cook, sont plus positives : alors que le renoncement de LOT Polish Airlines à son rachat laissait entrevoir le spectre d’une nationalisation, le ministère de l’Economie Peter Altmaier a confirmé hier le feu vert des autorités européennes à une aide de 550 millions d’euros. Cet aide prendra la forme de prêts garantis par les pouvoirs publics allemands ; la compagnie aérienne avait déjà en septembre dernier bénéficié d’un prêt relais de 380 millions d’euros du gouvernement, qui avait été approuvé par la Commission européenne un mois plus tard. Selon le ministre, Condor « est une entreprise saine et rentable en temps normal, et a de bonnes perspectives d’avenir ».

Un ton partagé par la compagnie allemande, qui rappelle dans un communiqué que « pour la seconde fois en près de six mois », elle traverse des difficultés « sans que cela ne soit de sa faute » : à cause de Thomas Cook, puis à cause de l’impact de la pandémie. Rappelons que depuis le mois dernier, Condor continue d’opérer des vols de rapatriement un peu partout dans le monde (y compris depuis l’Australie, avec ouverture d’une base temporaire à Phuket en Thaïlande), mais aussi des vols de fret sanitaire.   

Aides : Lufthansa attend, Condor OK 1 Air Journal

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