Le principal syndicat de pilotes de la compagnie aérienne Air France serait d’accord pour négocier le développement de la filiale low cost Transavia sur le réseau domestique, alors que l’emploi en particulier des navigants sera évoqué le mois prochain dans le cadre de la réduction de 20% de ses capacités en 2021.

Alors que le trafic de la compagnie nationale reprend lentement sur ses lignes intérieures, avec le début dans l’hexagone du déconfinement lié à la pandémie de Covid-19, la « refonte sans précédent » de ce réseau domestique annoncée par le CEO d’Air France-KLM Benjamin Smith progresserait déjà. Selon La Tribune, le SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne) aurait déjà donné un accord de principe pour négocier l’intégration de Transavia aux côtés de la filiale régionale HOP et d’Air France sur ces vols intérieurs. Un marché aujourd’hui interdit à la low cost par les accords de périmètre, rappelle le quotidien économique selon qui la direction d’Air France « n’a pas l’intention à ce stade de toucher aux interdits concernant la desserte de Roissy et celle du long-courrier ».

Permettre à Transavia de faire du point-à-point permettrait au groupe de lutter à armes égales avec les rivales low cost telles qu’easyJet, Ryanair ou Volotea, mais aussi de mettre fin aux pertes chroniques du réseau intérieur (qui a perdu 220 millions d’euros l’année dernière). En cause, une structure de HOP « trop complexe » avec des coûts opérationnels « plus élevés que la moyenne des compagnies régionales européennes. Cette situation n’est pas viable », expliquait Ben Smith, même si l’objectif n’est « pas de faire disparaître notre filiale régionale ».

Le développement de Transavia en France passerait donc bien par l’aéroport d’Orly (où elle propose 60 routes vers l’étranger), une base comme Nantes, Lyon et bientôt Montpellier, ainsi que par les lignes transversales. Même si ses Boeing 737-800 de 189 sièges paraissent surdimensionnés sur les liaisons aujourd’hui proposées par HOP en avion de 100 places au maximum ; mais les 737 de Ryanair, A320 d’easyJet et A319 de Volotea ne semblent pas leur poser de problème, et la low cost française pourrait jouer sur les fréquences pour régler son offre sur la demande actuelle. La Tribune entrevoit une autre possibilité, celle de déplacer les « petites routes » domestiques encore proposées par Air France à Orly vers CDG ; les créneaux ainsi gagnés permettraient une expansion de l’offre régionale de Transavia.

Le weekend dernier, l’intersyndicale de HOP avaient dénoncé le rôle de bouc émissaire qui était attribué à la compagnie régionale, la perte de l’activité n’étant qu’une « goutte d’eau » dans celles « abyssales » du groupe.

Après avoir annoncé une perte nette de 1,8 milliard d’euros au premier trimestre 2020 pour air France-KLM, Benjamin Smith avait confirmé qu’Air France allait « entamer des pourparlers avec ses syndicats sur une éventuelle réduction de ses effectifs », via un plan de départs volontaires et apparemment sans licenciements secs. Selon le même quotidien, cela pourrait concerner des milliers d’employés (« 5000, 7000, 10.000 suppressions de postes ou plus encore ? »), notamment en raison de la réduction structurelle de la capacité d’au moins -20% en 2021 par rapport au niveau d’avant la crise. Cela concernerait en particulier, via un PDV le personnel au sol, avec selon les sources de la Tribune 30% des quelque 7360 postes des fonctions support menacés – tout comme le personnel d’escale en région, son coût étant « largement supérieur à ceux des entreprises d’assistance en escale que sous-traitent les concurrents d’Air France ».

Pour les navigants, la direction choisirait de passer par des « ruptures conventionnelles collectives, qui ont l’avantage d’être plus simples et de permettre à l’entreprise de pouvoir réembaucher ultérieurement si besoin, contrairement à un PDV ». Les informations de La Tribune font état d’un sureffectif de 1800 hôtesses de l’air et stewards, soit 15% du total ; Air France chercherait à convaincre les « près de 1.200 départs naturels » déjà prévus ces trois prochaines années de partir plus tôt, et « inciter d’autres (parmi ceux qui n’arrivent pas à l’âge de la retraite) à quitter l’entreprise ». Chez les pilotes en revanche, les « 300 départs naturels prévus en février » sur trois ans devraient suffire à gérer le sureffectif. Depuis l’arrêt quasi-total des vols en avril, La Tribune rappelle que les pilotes ne perçoivent que la partie fixe de leur salaire plus un complément garanti leur permettant de conserver 70% de leur rémunération. « Avec ce système, un sureffectif de 20% environ ne coûte rien à la compagnie », assure un pilote.

Air France Industrie, qui emploie plus de 8000 personnes dans la maintenance y compris pour des compagnies aériennes rivales, pourrait être épargnée : la branche « pourrait bénéficier de la stratégie des transporteurs de conserver plus longtemps leur appareil plutôt que d’acheter des avions neufs », ajoute La Tribune.

Air France : Transavia, pilotes et emploi 1 Air Journal

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