La compagnie aérienne low cost Ryanair a dégagé l’année dernière un bénéfice net part du groupe de 648,7 millions d’euros, en baisse de 26,7%, la baisse de trafic due à la pandémie de Covid-19 ne s’étant faite sentir qu’en mars. Mais elle s’attend à une perte record de 200 millions au 1er trimestre en cours.

Le bénéfice net part du groupe incluant Ryanair en Irlande et au Royaume Uni, Lauda en Autriche, Buzz en Pologne et Malta Air à Malte atteint 648,7 millions d’euros en incluant les éléments exceptionnel, et un milliard d’euros en les excluant (+13%) pour l’exercice clos au 31 mars 2020. Le chiffre d’affaires a augmenté de 10% à 8,49 milliards d’euros, et le revenu par passager de 6% à 57 euros – sur un trafic ayant augmenté de 4% à 148,6 millions de passagers.

Côté coûts, Ryanair explique dans son communiqué que la facture carburant a augmenté de 14% (+ 335 M €) à 2,8 Md € « en raison de la hausse des prix et de la croissance du trafic de 4% ». Les coûts unitaires hors carburant ont été impactés par une baisse de 48% du trafic en mars (-5,2 millions de passagers) en raison de l’immobilisation au sol de la flotte et ont augmenté de 4% (au lieu de +2% prévu). Les coûts de personnel plus élevés (« augmentation de la rémunération des pilotes et ratios d’équipage plus élevés, démissions de pilotes ayant ralenti à zéro ») et les coûts de maintenance (« avions plus anciens maintenus plus longtemps dans la flotte en raison des retards de livraison des Boeing 737 MAX ») ont été compensés par la baisse des coûts de compensation au titre de l’UE261 (« en raison d’une meilleure ponctualité ») et de la baisse des redevances par route.

Cette bonne année ne doit cependant pas faire illusion : Ryanair s’attend à enregistrer une perte record de 200 millions d’euros au premier trimestre en raison de la crise de Covid-19, même si elle estime qu’elle sera « l’une des survivantes car les concurrentes « rétrécissent, disparaissent ou sont acquises par des transporteurs renfloués par leur gouvernement ». Des consultations sur les fermetures de bases, les réductions de salaire jusqu’à 20%, les congés sans solde et jusqu’à 3000 suppressions d’emplois (principalement des pilotes et du personnel de cabine) « sont en cours avec le personnel et les syndicats », explique la compagnie aérienne.

L’année sera « difficile », souligne-t-elle, mais elle insiste qu’elle ne « demandera ni ne recevra d’aide d’Etat » (hormis les 690 millions d’euros perçus dans le cadre des facilités de financement du gouvernement). L’objectif  objectif « la conservation / génération de trésorerie et le remboursement de la dette arrivant à échéance au cours des 24 prochains mois ».

Ryanair estime pouvoir transporter environ 80 millions de passagers durant l’année commencée en avril, contre 154 millions avant la crise sanitaire ; et quand les vols réguliers redémarreront en juillet (avec une capacité réduite à 40% de ce qui été initialement prévu), le paysage concurrentiel en Europe « sera faussé par des montants sans précédent d’aides d’État (en violation des règles de l’UE) en vertu desquelles plus de 30 milliards d’euros ont été distribuées au Groupe Lufthansa et à Air France-KLM, Alitalia, SAS et Norwegian entre autres ». Elle s’attend donc à ce que le trafic « sur des horaires de vol réduits sera soumis à des baisses de prix importantes, et à des prix de vente à perte, de la part de ces transporteurs nationaux à l’immense trésor de guerre ».

Un avertissement particulier a été réservé à Lauda, qui fait face à une « crise existentielle » selon le CEO du groupe Michael O’Leary ; sa base à l’aéroport de Vienne pourrait fermer dès la fin du mois de mai, a-t-il déclaré, sans évoquer les négociations en cours avec les syndicats pour leur faire accepter une nouvelle convention collective.

Ryanair allait bien jusqu’à la pandémie 1 Air Journal