Le syndicat de pilotes SPAF compte s’opposer au « démembrement » ou transfert du réseau intérieur de la compagnie Air France, dont le sauvetage des lignes domestiques pourrait se faire via la filiale low cost Transavia plutôt que la régionale HOP.

Après l’intersyndicale la semaine dernière, un syndicat minoritaire de pilotes a donné de la voix samedi, au lendemain d’un CSE qui n’a rien révélé de précis sur la future restructuration de HOP (dont le redécollage partiel est programmé le 8 juin 2020 depuis les aéroports de Paris-CDG et Lyon). Selon le communiqué du Bureau du SPAF, la négociation avec les pilotes va « impliquer le positionnement de Transavia, sa compagnie Low-Cost, en lieu et place de nos vols en moyens propres sous pavillon Air France sur la majeure partie de notre réseau domestique au départ d’Orly et entre tous les aéroports de province » – comme l’annonçait le SPNL majoritaire il y a près de deux semaines.  Annoncer vouloir sauver Air France et « cumuler les mesures négatives ciblées sur la compagnie et l’emploi » semble peu rationnel pour le SPAF, qui « s’assurera de la cohérence des choix opérés dans le contexte actuel et s’opposera à tout démembrement ou transfert du réseau de la compagnie Air France ».

Si Transavia « peut être équipée pour lutter contre d’autres Low-Cost, elle ne l’est certainement pas pour traiter nos passagers et une clientèle qui n’ont pas souhaité sacrifier une grande partie de la qualité de service qui est le repère de la marque Air France », souligne le syndicat de pilotes ; « l’abandon programmé » à la demande du gouvernement de la desserte des villes pouvant être desservies par le TGV en moins de 2h30 comme Lyon ou Bordeaux « est incompréhensible » : vouloir remplacer l’avion pour des motifs pseudo-écologiques (l’aviation mondiale représente moins de 3% des émissions de CO2) par le TGV roulant à l’énergie nucléaire « est tout aussi étrange ». Le « choix politique TGV », qui roule aux subventions de l’État avec des dizaines de milliards de déficits payés par le contribuable, « a un retentissement économique qui n’a rien d’écologique non plus », souligne le communiqué du SPAF.

Le syndicat craint surtout « non seulement créer des discriminations pour les villes non desservies », mais aussi un « champ libre » laissé à des concurrents directs « non contraints par l’État ». Et il estime que le résultat aura également, via « les pertes de connexion et d’attractivité réseau », un impact sur les ventes Long-Courrier, ce qui « empêchera un peu plus Air France d’être en mesure de rembourser sa dette ».

Rappelons que le plan de restructuration de l’activité court-courrier dans l’hexagone doit être dévoilé le mois prochain. Benjamin Smith, CEO d’Air France-KLM, a déjà expliqué que la structure de HOP « reste trop complexe » avec des coûts opérationnels « plus élevés que la moyenne des compagnies régionales européennes. Cette situation n’est pas viable ». Mais il a aussi assuré que « l’objectif n’est (…) pas de faire disparaître notre filiale régionale », pas plus que de quitter l’aéroport d’Orly – où Transavia est basée, et dont la réouverture espérée le 26 juin n’est toujours pas officialisée. En attendant, la rumeur prête à HOP un futur avec une flotte de 58 Embraer et Bombardier réduite de moitié…

Air France HOP : un syndicat de pilotes s’inquiète 1 Air Journal

©P. Delafosse