Le groupe ADP gérant les aéroports parisiens a présenté hier une perte nette de 543 millions d’euros au premier semestre, contre un bénéfice de 250 millions d’euros l’année dernière. Son PDG ne voit pas le trafic revenir au niveau d’avant la pandémie de Covid-19 avant la période entre 2024 et 2027.

Sans surprise vu l’impact de la crise sanitaire sur le transport aérien, le gestionnaire a annoncé le 27 juillet 2020 des résultats financiers semestriels particulièrement mauvais : le trafic passager du groupe ADP a reculé de 57,5 % (hors trafic d’Istanbul Atatürk et hors trafic des aéroports de GMR en Inde en 2019), à 48,2 millions de passagers. Quant au trafic de Paris Aéroport (Paris-CDG et Paris-Orly), il affiche -62,2% à 19,8 millions de passagers, contre 52,3 millions au S1 2019. Rappelons que ces résultats incluent les deux premiers mois de l’année, pas affectés par la crise.

A Paris-Charles de Gaulle, le trafic passagers s’élève à 14 millions de passagers au 1er semestre 2020, en baisse de 61,3% (avec des baisses du trafic commercial de -98,0% en avril, -96,8% en mai, -90,9% en juin par rapport à la même période en 2019). Seuls les terminaux 2E porte K, 2F et 2AC sont actuellement ouverts à Roissy afin d’accueillir l’ensemble du trafic commercial de passagers.

A Paris-Orly, le trafic passagers a diminué de 64,2% au 1er semestre 2020 par rapport au 1er semestre 2019 (avec des baisses du trafic commercial de -100% en avril et mai, et -98,3% en juin par rapport à la même période en 2019). Le trafic commercial à Orly avait été suspendu le 1er avril, et n’a repris depuis le 26 juin à partir d’Orly 3, et depuis le 13 juillet à partir d’Orly 4.

Le chiffre d’affaires consolidé d’ADP est en baisse de 46,5% à 1168 millions d’euros, « en lien avec la crise liée au CoVid-19, avec un impact important notamment sur les activités aéronautiques et commerciales à Paris, mais également sur le chiffre d’affaires de TAV Airports et d’AIG à l’international » selon le communiqué du groupe. L’EBITDA du S1 reste positif à 39 millions d’euros, en baisse de 725 millions d’euros (-94,9%), « notamment suite à la forte baisse du chiffre d’affaires ainsi que la dépréciation de créances clients pour 63 millions d’euros, malgré le plan d’économie engagé dans l’ensemble du groupe (baisse de 385 millions d’euros des charges courantes du groupe sur le 1er semestre 2020) ». Le résultat opérationnel courant du groupe est à -566 millions d’euros, en baisse de 1019 millions d’euros ; le résultat net Part du Groupe est à -543 millions d’euros, en baisse de 793 millions d’euros.

Selon Augustin de Romanet, PDG d’Aéroports de Paris – Groupe ADP, les mois d’avril et mai « ont connu un trafic quasiment nul et la reprise du trafic a été lente aux mois de juin et de juillet ». C’est la « première fois depuis 50 ans que le trafic aérien connaît un à-coup aussi brutal, et il est avéré que le rétablissement sera très progressif : un retour au niveau de trafic de 2019 à Paris est anticipé entre 2024 et 2027 », ajoute le dirigeant. Le Groupe ADP « a réussi à stabiliser sa situation financière. Par ailleurs, il a conclu la prise de participation dans le groupe aéroportuaire indien GMR Airports, dans des conditions révisées à la baisse pour tenir compte de l’impact de la pandémie, ouvrant la voie d’un nouveau partenariat industriel qui sera un relais de croissance pour le futur », précise encore Augustin de Romanet.

Cette crise comporte « des effets économiques structurels sur le transport aérien avec une menace sanitaire persistante », et dans ce nouvel environnement opérationnel et financier le Groupe ADP « va revoir ses orientations stratégiques afin de redonner à l’entreprise la capacité de renouer avec une croissance rentable et durable ». Il doit s’adapter pour passer d’un modèle d’accompagnement de la croissance à un modèle de gestion d’une situation dans laquelle les activités et les investissements seront réduits.

Groupe ADP : un retour à la normale entre 2024 et 2027 ? 1 Air Journal

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