La low cost Ryanair en France et United Airlines aux USA ont trouvé des accords sur l’emploi des pilotes, tandis que des départs sont annoncés chez Air Tahiti Nui, easyJet au Royaume-Uni ou dans le groupe Singapore Airlines.

Face à l’impact sur le transport aérien de la pandémie de Covid-19, Ryanair a trouvé un accord avec ses pilotes basés dans les aéroports français, une baisse de salaire de 20% pendant cinq ans devant garantir le maintien de l’emploi. Dans un entretien à La Tribune, le directeur général de la spécialiste irlandaise du vol pas cher Edward Wilson a précisé qu’il s’agit des pilotes sous contrat français employés par Malta Air, une des filiales de Ryanair Holdings (aux côtés de Ryanair en Irlande, Ryanair UK, Lauda en Autriche et Buzz en Pologne). « A l’issue de cette période, ils retrouveront 100% de leur salaire », a assuré le dirigeant. En revanche aucun accord n’a été trouvé avec les représentants des hôtesses de l’air et stewards basés en France, ce qui pourrait entrainer des suppressions de postes selon la low cost. 

En juin dernier, après avoir prévu de se séparer de jusqu’à 3000 navigants dans toute l’Europe, Ryanair avait proposé aux pilotes basés dans l’hexagone de baisser leurs salaires (fixes et variables) de 20% « sous peine de devoir licencier une partie de ses effectifs ». Faute de quoi, « 29% des pilotes et 27% des copilotes » identifiés comme en sureffectif dans les bases des aéroports de Bordeaux, Marseille et Toulouse seraient licenciés. Pour les 27 des 160 PNC alors menacés, la low cost proposait une baisse de salaire de 10% et pour cinq ans, une décote de 10% pour les nouveaux entrants, et une réduction du temps de travail de 2000 à 1600 heures par an.

Emploi: accords chez Ryanair et United, départs chez ATN, easyJet et SIA 1 Air Journal

Autre compagnie aérienne à avoir trouvé un accord avec ses pilotes, United Airlines a annoncé un « accord de principe » avec le syndicat ALPA pour éviter de supprimer environ 3000 postes. Les détails ne sont pas clairs selon CNBC, la direction du syndicat devant encore donner son feu vert et les pilotes voter sur la proposition, mais la compagnie américaine a prévu de se séparer de 16.000 employés à  partir du mois prochain si un nouveau plan de soutien à l’industrie n’est pas annoncé par le gouvernement.

Le dispositif d’aide d’Etat CARES Act, lancé au printemps et qui arrive à échéance le 30 septembre, interdisait tout licenciement en échange d’une assistance financière. United Airlines a reçu environ 5 milliards de dollars, et encourage depuis les départs volontaires.

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©United Airlines

Chez Air Tahiti Nui à Papeete, les effectifs vont être réduits de 114 employés sur un total de 716, parmi lesquels 13 pilotes et 40 PNC : ces départs volontaires, conclusion de négociations lancées début juillet, se feront sur la base avec une prime de départ, un mois de salaire par année d’ancienneté « et la possibilité de voyager avec des billets GP », a précisé le PDG Michel Monvoisin sur Radio1. La moyenne d’âge des candidats au départ se situe entre 45 et 58 ans, suite au départ l’année dernière en préretraite « des plus anciens ». Pas de licenciements secs donc selon le dirigeant, qui estime que la mesure permettra d’économiser plus de 2 millions d’euros par an.

La réduction d’effectif ne devrait pas avoir d’incidence sur les vols, a souligné Michel Monvoisin, « personne ne croyant un instant que le programme normal va reprendre avant trois ans ». Air Tahiti Nui propose actuellement sept vols par semaine, contre 24 avant la crise sanitaire.

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@Aéroport Tahiti Faa’a

Chez easyJet, la fermeture de trois bases à Londres-Stansted, Londres-Southend et Newcastle menaçait 670 emplois dont 199 pilotes : seulement 60 postes de PNT seraient finalement supprimés pour ces derniers en Grande Bretagne selon le syndicat BALPA. 700 des 2000 pilotes de la low cost britannique ont été consultés sur une série d’options allant du contrat de six mois au départ volontaire en passant par le changement de base, et le syndicat se dit confiant dans le fait qu’aucun « départ involontaire » ne sera nécessaire – même si un vote des pilotes doit le confirmer.

Une porte-parole d’easyJet a déclaré au Standard : « nous avons travaillé en étroite collaboration avec le syndicat pour trouver des alternatives pour les pilotes qui risquaient d’être licenciés. Nous sommes heureux de confirmer que nous sommes sur le point de conclure le processus de préférence pour les pilotes (…) et l’acceptation de 60 demandes de départ volontaire ». EasyJet « espère » que lorsque le processus sera terminé, il ne devrait « plus être nécessaire de procéder à des licenciements involontaires ».

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©easyJet

Enfin chez le groupe SIA (Singapore Airlines, SilkAir et Scoot) qui affichait fin juillet une perte record de 693 millions d’euros au T1, 20% des emplois vont être supprimés. Le lancement annoncé jeudi d’un processus de « rationalisation des effectifs » au sein des trois compagnies aériennes va se traduire par la suppression de 4300 postes à Singapour-Changi et dans le monde, une « décision difficile rendue nécessaire par les effets dévastateurs de la crise du Covid 19 sur le transport aérien mondial et les perspectives de reprise du trafic » selon le communiqué du groupe. En tenant compte des mesures déjà mises en œuvre depuis mars (gel des recrutements, retraite anticipée pour les pilotes et le sol, départs volontaires pour le PNC…) « et qui ont déjà produit leur effet », le nombre de salariés concernés « devrait être ramené à environ 2400 salariés » sur un total de 21.300. Les détails de ce plan de départs contraints seront connus « ultérieurement », SIA promettant de mettre « tout en œuvre pour soutenir et accompagner les personnels concernés par ces mesures difficiles » ; les négociations avec les syndicat sont débuté.

Le groupe prévoit d’opérer moins de 50% de ses capacités à la fin de l’exercice 2020/21 par rapport aux niveaux d’avant la crise sanitaire, étant dans une position « plus vulnérable » que la moyenne car ne disposant pas de marché domestique. Le CEO de Singapore Airlines Goh Choon Phong a déclaré : « Étant donné que le chemin de la reprise sera long et semé d’incertitudes, nous devons malheureusement mettre en œuvre des mesures de réduction contrainte de personnel. Le fait de devoir se séparer de certains de nos employés précieux et dévoués est la décision la plus difficile que j’ai eu à prendre au cours de mes 30 années chez SIA. Cela ne reflète pas la valeur de ceux qui seront touchés, mais c’est le résultat d’une crise mondiale sans précédent qui a englouti l’industrie du transport aérien ». 

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©Airbus