Avec 1.269. 864 passagers traités en 2020, l’aéroport de Pointe à Pitre-Guadeloupe Pôle Caraïbes a perdu 50% de son trafic et revient aux niveaux d’activité de l’année 1988. Sa liaison avec Paris-Orly est classée quatrième au monde en janvier par OAG (qui classe toutefois la ligne en catégorie internationale et non domestique).

L’année 2020 avait démarré avec un trafic stable sur janvier et février (-1,7%) avec des perspectives très prometteuses (arrivée des compagnies aériennes JetBlue et Air Belgium, bonne dynamique touristique…) qui permettait d’envisager le dépassement du seuil de 2,5 millions de passagers en 2020, a rappelé l’aéroport guadeloupéen dans un communiqué. Mais la pandémie de Covid-19, dont les effets ont atteint l’Europe et les Amériques à partir de mi-mars 2020, a porté « un violent coup d’arrêt à ces projections, affectant les différents réseaux, à des degrés divers ».

Le trafic vers la Métropole en baisse de 46%.

Vers la métropole, le trafic a Pointe-à-Pitre est en recul de près de 46% par rapport avec 813.600 passagers en 2020 contre 1,502 million l’année précédente. « Conséquence de la crise sanitaire, les compagnies ont, tout au long de l’année 2020, dû adapter, souvent à la baisse, leurs programmes aux dispositions sanitaires en vigueur, avec pour résultat une offre de sièges en diminution de près de 35% par rapport à 2019 », souligne l’aéroport. Une diminution de l’offre « significative » pour les trois compagnies Air Caraïbes, Air France et Corsair qui opèrent la liaison avec Paris. Le nombre de vols a diminué d’un tiers, passant de près de 4100 à un peu moins de 2 700. Enfin, l’arrêt d’activité de Level compte dans cette diminution, pour près de 100.000 sièges (310 vols), soit près d’un quart de la baisse de capacité observée.

Parallèlement, les coefficients de remplissage sont également « significativement en deçà des valeurs observées en 2019 », avec une diminution de 16 points de pourcentage à 72% contre 88% l’an passé. Cette diminution génère, à elle seule, une baisse d’un peu plus de 170 000 passagers, soit environ un tiers de la baisse de trafic enregistrée vers la Métropole.

La dernière quinzaine de décembre a vu le trafic de passagers sur cet axe « retrouver une tendance favorable », avec l’augmentation conjointe de la demande et des capacités offertes par les opérateurs historiques, retrouvant ainsi près de 82% du niveau de trafic enregistré sur la même période en 2019. Sur cette dernière quinzaine, l’aéroport a accueilli 212 vols en provenance de Paris, contre 234 sur la même période en 2019.

Le réseau régional à 60% de son niveau de 2019

Le trafic vers les Iles du Nord (Saint Martin Grand Case et Saint Barthélémy) est en baisse de 40%, avec un peu plus de 116.000 passagers contre environ 192.000 l’an passé. Si le trafic vers Saint Barthélémy, destination soumise à moins de restrictions, « s’est maintenu à environ 90% de son niveau de 2019, enregistrant même sur le second semestre une augmentation de l’offre en raison des redéploiements de flotte de la compagnie Air Antilles », le trafic vers Saint Martin Grand Case a subi une baisse significative de plus de 46%, suite à la mise en vigueur une nouvelle fois des motifs impérieux de déplacement à l’issue de la période estivale.

Vers la Martinique et la Guyane, le trafic en recul de 53% (207.500 passagers transportés contre 439.000 l’an passé) a été « durement impacté par le 1er confinement, puis au second semestre par la recrudescence de l’épidémie qui a affecté les deux départements et les mesures de restriction de transport liées au 2nd confinement, en vigueur en Martinique, du 1er Novembre au 15 Décembre 2020 ».

Vers l’Amérique du Nord et la Caraïbe, le trafic reste au point mort. Les fréquentations des lignes, vers les iles de la Caraïbe (hors Antilles Françaises) et l’Amérique du Nord, ont respectivement chuté de 80% et 70%, en raison des fermetures de frontières des pays concernés, toujours en vigueur à fin 2020. L’aéroport Guadeloupe-Pôle Caraïbe rappelle qu’à fin février, le trafic vers les iles de la Caraïbe (hors Antilles Françaises) était en progression de 10%. Vers l’Amérique du Nord, en revanche, le trafic à fin février était déjà en recul (-35%), en raison de l’absence de la compagnie Norwegian (qui opérait encore pendant la saison hiver 2019).

Le trafic fret a été également fortement affecté par la crise sanitaire, avec une baisse de volume de près de 20% en 2020. La tendance est plus fortement marquée sur le fret à l’export (-30%), impacté par la diminution des capacités en soute suite à l’arrêt des vols au second trimestre. Cette réduction de capacité a été préjudiciable notamment à l’export des melons, malgré la mise en place de vols affrétés ou de rotations supplémentaires tout-cargo. Le transport de fret sanitaire et médical « alimente cependant cette activité qui enregistre une diminution moins marquée que le trafic passager ». Ainsi, au mois de décembre, le trafic fret enregistre même une augmentation de 6,4% par rapport à décembre 2019, dynamisé par le retour des capacités avions sur les 15 derniers jours de l’année.

Guadeloupe : trafic réduit de 50% et 4ème en capacité au classement mondial 1 Air Journal

©OAG

Ces mauvaises nouvelle sans surprise sont compensées par l’annonce d’OAG : en janvier 2021, la ligne entre Paris-Orly et Pointe-à-Pitre est classée quatrième au monde en termes d’offre, avec 138.475 sièges. Derrière les axes Dubaï – Londres (190.365), Le Caire – Djeddah (154.337) et Orlando – San Juan (151.916), mais devant ceux reliant Séoul à Tokyo-Narita ou Shanghai-Pudong à Taipei. Le Orly – Fort de France apparait d’ailleurs en dixième position de ce Top 10, avec 113.363 sièges proposés en ce mois de janvier 2021.

Toutefois, OAG range les deux routes antillaises dans la catégorie « routes internationales », faisant fi de la continuité territoriale. Si l’on s’en tient aux lignes domestiques nettement moins affectées par la crise sanitaire, le palmarès est toujours dominé par l’Asie, avec plus d’un million de sièges chaque pour les axes entre Séoul et Jeju en Corée du Sud et entre Hanoi et Ho Chi Minh Ville au Vietnam, et plus de 500.000 sièges pour les huit suivantes (seule exception géographique, le Djeddah – Riyad en Arabie Saoudite). En Chine, dix routes intérieures accueillent en janvier plus de 320.000 sièges, et aux USA elles sont également dix avec une offre supérieure au Orly – Pointe-à-Pitre.

Les nouvelles mesures sanitaires -test de dépistage et isolement de 7 jours pour les voyageurs- entraînent des annulations mais n’enlèvent rien à l’attrait des Antilles en ce début d’année ! Fabrice Dariot, fondateur du service de billets d’avion pas chers, Bourse des vols, réagit aux dernières annonces et à leurs effets : « Au moment même où la liaison Paris-Pointe-à-Pitre se glisse aux premières places dans le classement mondial, les annonces gouvernementales ont compromis le début de relance et plongé nos services de gestion dans une nouvelle tourmente. Entre les impératifs sanitaires, la volonté des élus de se protéger eux-mêmes de toute procédure et… l’avenir de nos entreprises, l’adéquation est complexe. Face à la septaine, comment réagit la clientèle ? « On n’annule pas, on ajoute une semaine de vacances ! » déclarent les vacanciers les plus optimistes, hélas, pas les plus nombreux ». 

Guadeloupe : trafic réduit de 50% et 4ème en capacité au classement mondial 2 Air Journal

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