Le feu vert de la Commission européenne au projet de recapitalisation de la compagnie aérienne Air France pourrait passer par l’abandon de certains créneaux d’aéroport à Paris-Orly, une mauvaise nouvelle en pleine pandémie de Covid-19 et tensions sur le sujet avec les Pays-Bas. La commande de moteurs Pratt & Whitney pour ses Airbus A220 a été finalisée.

Si le ministre de l’Economie Bruno Le Maire répète depuis lundi sur les antennes que l’Etat « apportera un soutien supplémentaire » à la compagnie nationale française, le feu vert de Bruxelles ne sera pas aussi facile à obtenir que celui du printemps 2020, pour l’aide publique à hauteur de 7 milliards d’euros. Selon La Tribune du 2 février 2021, le gendarme européen de la concurrence demanderait à Air France de céder « des créneaux horaires de décollage et d’atterrissage à l’aéroport d’Orly », dans le même ordre de grandeur que ce que le groupe Lufthansa avait cédé à Francfort et Munich : « 24 paires par jour » selon le quotidien, soit l’équivalent de 8700 rotations par an – ou 7% des quelque 125.000 créneaux actuellement détenus par Air France à Orly.

Air France « fulmine contre ces mesures de sauvegarde inadaptées » à la crise actuelle, indiquent les sources de La Tribune, dont une demande : « est-il raisonnable de gêner les opérateurs [à qui des aides ont été versées] en compromettant leurs chances de se remettre en selle en leur imposant de rendre des créneaux là où elles sont fortes » ? La compagnie opérait en janvier entre 40% et 45% de son programme de vols pré-pandémie.

Sa compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines ferait face aux mêmes exigences de la Commission européenne dans le très saturé aéroport d’Amsterdam-Schiphol, croit savoir le quotidien. Aucune des parties concernées n’a commenté ces informations, mais on sait déjà que le sujet de la recapitalisation du groupe entraine des tensions entre Paris et La Haye. Selon la presse néerlandaise, les Pays-Bas souhaitent une injection de capital au niveau de leur compagnie nationale et non au niveau de groupe Air France-KLM. Une stratégie opposée à celle de Paris, où le principe de la recapitalisation, évoqué depuis l’automne dernier (sans pour autant atteindre une renationalisation d’Air France) vise à « restaurer la capacité du groupe à faire face » à la période post-pandémie de Covid-19 – via un apport de 4 à 5 milliards d’euros qui ferait monter sa part du capital de 14% à environ 30%.

Le gouvernement français met en avant le fait que toute aide à Air France-KLM profiterait automatiquement à la compagnie néerlandaise, mais apparemment sans effet – la partie opposée craignant que tout investissement au niveau du groupe disparaisse dans les caisses d’Air France.

Côté flotte et en particulier les Airbus A220-300 dont la commande ferme de 60 exemplaires a été confirmée fin 2019, Air France a annoncé hier avoir finalisé l’acquisition de « plus de 120 » moteurs PW1500G chez Pratt & Whitney (la seule motorisation disponible pour le monocouloir conçu au Canada). Ces moteurs GTF seront supportés par P&W « dans le cadre d’un accord de service complet à long terme », précise un communiqué du motoriste, la maintenance des moteurs devant être effectuée par AFI KLM E&M. Le premier avion devrait être livré en septembre 2021.

« Grâce en grande partie aux moteurs Pratt & Whitney GTF, nous prévoyons que notre flotte d’A220 offrira des avantages économiques et opérationnels significatifs à Air France – et bien moins de bruit et d’émissions, ce qui profitera à nos clients, nos communautés et la planète », a déclaré Angus Clarke, Directeur commercial d’Air France, responsable de la stratégie de flotte. « Nous sommes honorés de la confiance qu’Air France accorde à nos moteurs et services GTF, et nous sommes ravis d’accueillir à nouveau Air France en tant que client », a ajouté Rick Deurloo, directeur commercial de Pratt & Whitney (la compagnie française avait préféré CFM pour ses A318).

Rappelons que la commande initiale d’A220 pour Air France était assortie de 30 options et 30 droits d’achat. Les A220-300 de la compagnie de l’alliance SkyTeam seront configurés pour accueillir 149 passagers ; ils remplaceront progressivement la flotte A318 et A319 d’Air France (respectivement 18 et 32 exemplaires en service, cabines de 131 à 143 sièges avec des moyennes d’âge de 15,8 et 19,5 ans selon Planespotters). 

Air France : créneaux contre recapitalisation, GTF pour A220 1 Air Journal

@Airbus