La compagnie aérienne low cost Ryanair en appelle à la Commission européenne pour stopper les aides publiques accordées à Air France, et lui faire céder des très convoités créneaux de vols dans les aéroports de Paris et de Lyon.

Traditionnellement opposée aux feux verts du régulateur de la concurrence sur les aides publiques accordées aux compagnies nationales, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a appelé le 10 février 2021 Bruxelles à rejeter les nouveaux projets « d’aides d’État discriminatoires » de la part du gouvernement français à Air France. Cette compagnie aérienne « chroniquement inefficace a déjà reçu une monumentale aide de 7 milliards d’euros au total en 2020, et ne devrait ainsi plus recevoir de soutien supplémentaire du gouvernement », assure Ryanair. Selon qui si un « énorme sauvetage d’État illégal » venait de nouveau à se produire, de « réelles contreparties » devront être appliquées afin de garantir une concurrence loyale sur le marché français et de protéger les intérêts des consommateurs. Cela implique nécessairement l’abandon par Air France « d’un nombre conséquent de ses créneaux de décollage et d’atterrissage dans des aéroports français majeurs », notamment Paris-CDG, Orly et Lyon (où la low cost est absente).

Si un appel d’offres était lancé pour ces créneaux horaires, Ryanair « est déjà en capacité de se positionner sur eux en partie ou en totalité », afin selon son communiqué de proposer « une souhaitable concurrence et une offre autre que celle d’Air France, permettant ainsi aux visiteurs et passagers français d’accéder à de bien meilleurs tarifs ».

Un porte-parole de la low cost a déclaré : « L’UE doit mettre fin à ce flot de renflouements discriminatoires à coups de milliards d’euros à des compagnies aériennes inefficaces, qui faussent le marché unique européen et déprécient la concurrence juste et loyale. La commissaire Vestager se doit de rester ferme dans ses discussions avec le gouvernement français. Soit Air France n’obtient aucune aide d’État, soit des recours appropriés devront être mis en place pour garantir des conditions de concurrence justes et équitables pour toutes les compagnies aériennes. Cela implique l’abandon par Air France de créneaux dans des aéroports français clefs. Les 24 créneaux horaires de Paris Orly mentionnés dans certains articles de presse ne suffisent pas, la Commission doit aller plus loin. Ryanair est prête à offrir la concurrence, le choix et les voyages à bas prix que les consommateurs français méritent ».

Suite aux informations révélées par La Tribune la semaine dernière et accueillies par un tollé dans l’hexagone, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste  Djebbari avait été clair : « il est hors de question que le groupe Air France-KLM, du fait de la recapitalisation, se retrouve grevé en compétitivité et se fragilise du fait d’une négociation qui ne serait pas équilibrée ». Les 24 créneaux quotidiens (12 rotations par jour) sont exactement le nombre demandé par la Commission à Lufthansa à Francfort et Munich, mais pour Air France cela ne concernerait que le seul aéroport de Paris-Orly ; soit l’équivalent de 8700 rotations par an, ou 7% des quelque 125.000 créneaux actuellement détenus par la compagnie française. Sa compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines ferait face aux mêmes exigences de la Commission européenne dans le très saturé aéroport d’Amsterdam-Schiphol, croit savoir La Tribune. Les négociations se poursuivent entre la Commission et les deux Etats.

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Recapitalisation d’Air France : Ryanair appelle à la cession de plus de créneaux 1 Air Journal

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