Le feu vert de la Commission européenne au projet de recapitalisation de la compagnie aérienne Air France pourrait passer par l’abandon de certains créneaux d’aéroport à Paris-Orly. Une exigence refusée par le groupe, les syndicats et le gouvernement, ce dernier cherchant à négocier une solution « équilibrée ».

Suite aux informations révélées par La Tribune la semaine dernière et accueillies par un tollé dans l’hexagone, le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste  Djebbari a été clair selon BFMTV : « il est hors de question que le groupe Air France-KLM, du fait de la recapitalisation, se retrouve grevé en compétitivité et se fragilise du fait d’une négociation qui ne serait pas équilibrée », a-t-il déclaré vendredi lors d’un déplacement à Paris-CDG. L’objectif du gouvernement est « d’arriver à un accord équilibré » sur les contreparties qui auraient été demandées par la Commission européenne, à Air France pour Orly mais aussi à sa sœur KLM dans l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol.

D’après le gendarme européen de la concurrence, tout Etat voulant « apporter une aide de recapitalisation d’un montant supérieur à 250 millions d’euros à une entreprise très puissante sur les marchés sur lesquelles elle opère » doit proposer « des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence efficace ».

Dans le cas de Lufthansa par exemple, le feu vert avait été accordé contre la cession à Francfort et Munich de 24 créneaux, soit 12 rotations par jour, dans chaque aéroport (où elle est largement majoritaire en parts de marché) ; pendant 18 mois, ils ne sont disponibles que pour les « nouveaux concurrents » dans ses deux bases. Si aucun nouveau transporteur ne se porte volontaire, les créneaux pourront être repris via un appel d’offres par des compagnies uniquement européennes déjà présentes à Francfort et Munich. Avec une condition supplémentaire : l’acquéreur ne pourra pas avoir reçu de « recapitalisation substantielle » de son État suite à la crise sanitaire. 

Ces 24 créneaux quotidiens sont exactement le nombre demandé par la Commission à Air France selon le quotidien, mais dans le seul aéroport de Paris-Orly ; soit l’équivalent de 8700 rotations par an – ou 7% des quelque 125.000 créneaux actuellement détenus par la compagnie française. Sa compagnie-sœur KLM Royal Dutch Airlines ferait face aux mêmes exigences de la Commission européenne dans le très saturé aéroport d’Amsterdam-Schiphol, croit savoir La Tribune.

Rappelons qu’outre ces exigences toujours pas confirmées officiellement,  le sujet de la recapitalisation du groupe entraine déjà des tensions entre Paris et La Haye. Selon la presse néerlandaise, les Pays-Bas souhaitent une injection de capital au niveau de leur compagnie nationale et non au niveau de groupe Air France-KLM. Une stratégie opposée à celle de Paris, où le principe de la recapitalisation, évoqué depuis l’automne dernier (sans pour autant atteindre une renationalisation d’Air France) vise à « restaurer la capacité du groupe à faire face » à la période post-pandémie de Covid-19 – via un apport de 4 à 5 milliards d’euros qui ferait monter sa part du capital de 14% à environ 30%. Le gouvernement français met en avant le fait que toute aide à Air France-KLM profiterait automatiquement à la compagnie néerlandaise, mais apparemment sans effet – la partie opposée craignant que tout investissement au niveau du groupe disparaisse dans les caisses d’Air France.

Recapitalisation d’Air France contre créneaux : Paris n’en veut pas en l'état 1 Air Journal

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