Des acteurs du tourisme polynésien demandent aux autorités de fixer une date de réouverture des territoires si possible au 15 avril ou 1er mai, tandis que l’île Maurice table sur la fin juin pour assouplir les restrictions de voyage liées à la pandémie de Covid-19.

Alors que la Martinique vient d’annoncer pour vendredi la mise en place d’un nouveau couvre-feu pour contrer la progression du variant anglais comme du non-respect des mesures, l’équilibre entre santé et économie est de plus en plus difficile. En Polynésie par exemple, 425 « entités du secteur touristique » ont écrit au gouvernement français pour demander la réouverture de la destination et la reprise des activités liées au tourisme dans le Pacifique – dont les compagnies aérienne Air Tahiti Nui et Air Tahiti ou le gestionnaire de l’aéroport de Papeete-Faa’a. « Nous représentons l’ensemble des forces vives du secteur touristique et du transport aérien de la Polynésie française, principale ressource propre de notre collectivité à hauteur de 82% en 2019 », et « près de 20% de l’emploi salarié », rappelle la lettre ouverte, « près de la moitié des emplois non-salariés » étant également liés au secteur. Mais après 5 à 7 ans de croissance ininterrompue, le tourisme a dû amortir une baisse moyenne de 70% des flux et près de 80% de ses recettes directes durant l’année écoulée pour cause de pandémie, « un recul inédit et historique depuis 40 ans ».

En tout, ce sont donc 70.000 touristes sur l’année 2020 qui se sont rendus en Polynésie, dont la moitié au deuxième semestre ; ce flux minimal, « très éloigné d’un tourisme de masse », aura permis de maintenir nos équipements, de faire face à nos charges fixes et une partie de nos coûts d’exploitation, soulignent les signataires. Et sur l e plan sanitaire, du 15 juillet 2020 au 10 février 2021, 59.315 visiteurs ont pu être contrôlés après leur arrivée, précise le texte : sur cette période, 188 touristes ont été identifiés comme positifs à la Covid-19, tracés et isolés, c’est-à-dire 0,31% des arrivants, et 1% du cumul de l’ensemble des cas positifs en Polynésie française.

« Clairement, avec 7 mois de recul, notre secteur n’a pas démérité, et notre activité n’a pas été responsable de la propagation de la pandémie sur notre territoire. S’il en faut une preuve, le taux de positivité de nos employés et collaborateurs est bien moindre dans les entreprises touristiques qu’au sein des services administratifs ou parmi les différents agents publics, et notamment ceux de l’État ». Au 2 mars 2021, le taux d’incidence total en Polynésie française était de 22/100 000 (28/100 000 aux îles du Vent et 6/100 000 aux îles Sous-le-Vent, à zéro dans tous les autres archipels). Non seulement la filière touristique de Polynésie française « a parfaitement maîtrisé la situation sanitaire qui s’imposait à elle, mais il est un fait indiscutable qu’elle n’est en aucun cas responsable de la propagation du virus à Tahiti et dans les îles », insistent les signataires.

Dans le contexte sanitaire et touristique, « il est crucial de pouvoir annoncer publiquement au plus vite une date de réouverture à l’attention de nos marchés, avec des protocoles et des conditions d’entrée et de séjours stricts, à l’instar de l’ensemble de nos destinations concurrentes, tant les Seychelles, les Maldives, Hawaii, le Costa Rica, qu’en Asie du Sud-Est… Ce retard et cette impréparation dans les annonces nous forcent à des annulations massives, et les réservations pour la haute saison de mai à septembre ne sont donc plus au rendez-vous. Nous étions déjà sur un flux réduit (et parfaitement maîtrisable), nous sommes désormais face à la forte et funeste probabilité d’une seconde année catastrophique liée aux effets conjugués des restrictions imposées et du manque d’anticipation sur les nécessités de reprise ».

La stratégie « zéro covid » que vous affichez sans distinction pour l’ensemble des Outre-Mer est, de fait, pour notre territoire une stratégie « 100% désastre social », que nous mettrons des années à résorber. Au-delà du devenir de notre secteur et de nos structures, c’est l’ensemble des équilibres économiques, sociaux et géostratégiques de la Polynésie française qui vont être balayés. Nous estimons qu’il est possible, qu’il est responsable, qu’il est parfaitement envisageable de préparer et d’annoncer dans les tous prochains jours une reprise de l’activité touristique de la Polynésie française pour le 15 avril ou le 1er mai prochains, raisonnable et raisonnée, en fonction des protocoles retenus, en fonction de nos segments d’activités, et sans mise en danger de nos équipes, de nos populations ou de nos visiteurs.

Dans l’île Maurice, elle aussi fermée aux liaisons internationales régulières mais où Air Mauritius vient de reprendre le chemin de La Réunion, l’heure est plutôt à un optimise mesuré : un assouplissement des restrictions de voyage est désormais annoncé pour la fin juin, si la campagne de vaccination se poursuit au rythme actuel. Plus de 117.000 personnes ont été vaccinées à ce jour, soit 17% de la population ciblée pour atteindre l’immunité collective (700.000 sur 1,26 million d’habitants) selon l’Officie du tourisme de Maurice. Qui précise : « L’assouplissement en phase des restrictions de voyage est prévu à partir de la fin de juin 2021. Depuis le début de la pandémie de Covid-19 l’an dernier, Maurice a maintenu la sécurité sanitaire de ses ressortissants ainsi que celle des visiteurs comme une priorité absolue ».

Outremers : pressions pour une réouverture au tourisme 1 Air Journal

@Aéroport de Maurice