Les premiers Boeing 737 MAX de la compagnie aérienne low cost Ryanair devraient être livrés ces prochains jours, avec plus de deux ans de retard. En attendant, elle va de nouveau contester devant la Cour européenne de justice la légalité des aides publiques accordées à Finnair et SAS Scandinavian Airlines.

Après la certification la semaine dernière  par l’EASA de la version densifiée du 737 MAX 8, la spécialiste irlandaise attend ses premiers exemplaires, « dans les prochains jours », a confirmé le CEO Michael O’Leary sur CNBC. Le groupe Ryanair avait porté en décembre à 210 exemplaires ferme sa commande de la version densifiée du MAX, le 737 8-200 ou 8200 (qui accueillera 197 passagers et est surnommé Gamechanger par la low cost), et annonçait fin mars espérer 16 MAX 8200 d’ici la saison estivale, dont huit en avril et huit autres en mai, mais aucun en juin. Le dirigeant reconnaissait alors ne pas avoir besoin de plus d’avions, le groupe prévoyant d’opérer en juillet et aout 80% de ses capacités pré-pandémie de Covid-19 ; mais il se disait « impatient de recevoir l’appareil afin de pouvoir commencer la formation des pilotes et l’acclimatation du personnel de cabine ».

Les monocouloirs remotorisés du groupe ont déjà été photographiés à Everett en livrée Ryanair, Malta Air (Malte) et Buzz (Pologne). Il s’est déjà dit intéressé par le MAX 10, mais ce type n’a pas encore été certifié par la FAA aux USA (ni a fortiori en Europe).

Côté aides publiques, Ryanair a pris connaissance hier des décisions (défavorables pour elle) du Tribunal de l’Union européenne concernant les aides d’État « finlandaises, danoises et suédoises en faveur de Finnair et SAS par rapport à toutes les autres compagnies aériennes de l’UE ». Le gouvernement finlandais a accordé une garantie de prêt de 600 millions d’euros à Finnair, qui selon la low cost « a bénéficié de plus de 1,2 milliard d’euros d’aides d’État depuis le début de la pandémie » ; et les gouvernements danois et suédois ont chacun accordé une garantie de prêt de 137 millions d’euros à SAS Scandinavian, « qui a également bénéficié d’une aide d’État à la recapitalisation de ces pays, portant le montant total des aides reçues par SAS à plus de 1,3 milliard d’euros ».  Ryanair fera donc appel des arrêts du Tribunal devant la Cour de justice de l’UE (CJUE), lui demandant « d’annuler ces décisions injustes dans l’intérêt de la concurrence et des consommateurs ».

Un porte-parole de Ryanair a déclaré dans un communiqué que « l’une des plus grandes réalisations de l’UE est la création d’un véritable marché unique du transport aérien. L’approbation par la Commission européenne des aides d’État finlandaises, danoises et suédoises va à l’encontre des principes fondamentaux du droit de l’UE. Les jugements [d’hier] ont reculé de 30 ans le processus de libéralisation du transport aérien en permettant à la Finlande, au Danemark et à la Suède de donner à leurs transporteurs nationaux une longueur d’avance sur des concurrents plus efficaces, uniquement sur la base de la nationalité ».

Si l’Europe « veut sortir de cette crise avec un marché unique fonctionnel, les compagnies aériennes doivent être autorisées à se concurrencer sur un pied d’égalité. Une concurrence non faussée peut éliminer l’inefficacité et profiter aux consommateurs grâce à des tarifs et un choix bas. Les subventions, en revanche, encouragent l’inefficacité et nuiront aux consommateurs pendant des décennies », a rappelé Ryanair. Qui avait déjà tenu des propos similaires à propos des aides fournies ou promises aux groupes Air France-KLM et Lufthansa, ainsi qu’à Alitalia, Norwegian Air Shuttle, LOT Polish Airlines, Condor et Air Europa (pour un total selon le groupe de près de 31 milliards d’euros).

Ryanair : des MAX et des plaintes contre les aides publiques 1 Air Journal

©Ryanair