Il n’y a plus guère de doute sur l’origine de l’incident du vol de la compagnie aérienne low cost Ryanair, contraint de se dérouter vers la capitale de Biélorussie : il s’agissait d’arrêter un des passagers, le journaliste d’opposition Roman Protasevich, qui contrairement aux autres n’est jamais arrivé à Vilnius.

Le suivi du vol FR4978 de la spécialiste irlandaise du vol pas cher le 23 mai 2021, censé relier en direct Athènes à l’aéroport de Vilnius, est limpide : parti de Grèce à 7h29, le Boeing 737-800 de Ryanair a reçu l’ordre de se dérouter vers Minsk à 9h46 – alors qu’il se trouvait à 72 kilomètre de sa destination, mais à 183 km de la capitale de Biélorussie, dont il empruntait l’espace aérien. Sous « escorte » d’un Mig29, l’atterrissage a eu lieu à 10h16 (après un trajet d’environ 300 km selon Flightradar24) ; les passagers sont descendus, et l’avion a été fouillé pour trouver la soi-disant bombe, sans résultat.

Une autre version des raisons de ce détournement a été donnée dans la soirée par des sources de l’opposition, évoquant une bagarre à bord entre « agents du KGB et passagers ». L’avion a pu redécoller à 14h47, après plus de cinq heures sur le tarmac, est s’est posé en Lituanie à 18h25. Avec un passager de moins à bord.

Les réactions se sont multipliées depuis l’incident, à commencer par celle de Ryanair : un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux explique avoir « notifié les agences de sécurité nationales et européennes compétentes ». Elle a présenté ses « plus sincères excuses à tous les passagers concernés par ce retard regrettable, qui était indépendant de notre volonté ».

L’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale, une branche de l’ONU), est « vivement préoccupée par l’apparent atterrissage forcé d’un vol Ryanair et de ses passagers, qui pourrait être en violation de la convention de Chicago. Nous espérons que de plus amples informations seront officiellement confirmées par les pays et opérateurs concernés ». L’IATA a déclaré de son côté : « nous condamnons fermement toute ingérence ou exigence d’atterrissage d’opérations de l’aviation civile qui n’est pas conforme aux règles du droit international. Les détails de l’événement avec le vol # FR4978 ne sont pas clairs. Une enquête complète par les autorités internationales compétentes est nécessaire ».

L’indignation est encore plus forte chez les politiques, à commencer par l’Europe : pour la présidente Ursula von der Leyen , « le comportement scandaleux et illégal du régime en Biélorussie aura des conséquences. Les responsables du détournement de Ryanair doivent être sanctionnés. Le journaliste Roman Protasevich doit être libéré immédiatement ». Une réunion du Conseil européen est prévue ce lundi soir, son président Charles Michel ajoutant : « Je condamne dans les termes les plus vifs » l’atterrissage forcé du vol à Minsk « et la détention signalée par les autorités biélorusses du journaliste ». Les dirigeants de l’UE discuteront de cet « incident sans précédent », et l’incident « ne restera pas sans conséquences ».

Détournement de Ryanair à Minsk : condamnations unanimes 1 Air Journal

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