La compagnie aérienne Qantas constate à son tour que certains pilotes revenant d’une longue période d’inactivité pour cause de pandémie de Covid-19 font des erreurs de base et ont perdu « des capacités cognitives ». Sans conséquence jusque là pour les vols.

Le phénomène déjà constaté il y a un an chez les pilotes américains se retrouve chez les PNT de la compagnie nationale australienne, basée à l’aéroport de Sydney-Kingsford Smith. Selon le Sydney Morning Herald, une note interne signée Alex Scamps, le patron des opérations de la flotte de Qantas, souligne que la perturbation de 19 mois due à la crise sanitaire a créé « une situation dans laquelle les pilotes experts ont perdu de la récence et ont subi une réduction ultérieure de leurs capacités cognitives ». Combiné à une réduction des vols à travers le réseau, il reconnait « un effet d’entrainement sur la concentration et la familiarité de l’équipage de conduite avec l’opération ».

Certains pilotes sans pratique font des erreurs de base « qui ne sont pas nécessairement dangereuses mais reflètent un manque récent de pilotage », ajoute-il. Parmi ces incidents figurent le début des procédures de décollage avec le frein de stationnement serré, l’identification erronée de l’altitude en tant que vitesse anémométrique, le réglage incorrect des commutateurs du poste de pilotage, des approches instables répétées et « un manque général de conscience de la situation ».

La note précise que les éléments de routine qui étaient effectués avec un minimum d’effort « occupent désormais plus de temps et détournent l’attention du pilotage de l’avion ». Et elle fait état de « menaces » telles que des interrupteurs dans le cockpit en position incorrecte ou des « événements lors d’inspection extérieure » des avions. Comme lors d’un vol en Boeing 787 Dreamliner en juin dernier, quand le train d’atterrissage n’avait pu être rentré par les pilotes, faute d’avoir retiré au sol deux goupilles de sécurité.

Le SMH cite en particulier Mick Quinn, ancien responsable des enquêtes sur la sécurité aérienne chez Qantas et dirigeant du Bureau des enquêtes sur la sécurité des transports de Nouvelle Galles du Sud pendant cinq ans jusqu’au début 2021 : il est selon lui difficile de réintégrer les pilotes dans les cockpits après de longues périodes sans voler, mais « le seul moyen est la formation, la formation et la formation, et le temps passé sur simulateur de vol ».

Interrogé par ABC Radio, le président de Strategic Aviation Solutions Neil Hansford a minimisé la portée de cette note interne, soulignant que la plupart des erreurs sont décelées justement en formation. Il a félicité Qantas pour avoir conservé ses pilotes de contrôle et de formation et ses installations de simulateur de vol tout au long de la crise (près de 9000 employés ont été licenciés ou placés en congé sans solde depuis 2020, sans oublier les mesures de chômage technique). Mais il dénonce aussi des « problèmes culturels enracinés » entrainant des « comportements perturbateurs » tels justement que cette fuite de note interne : « l’un des problèmes chez Qantas est que vous avez un groupe de personnes qui croient qu’elles font partie de l’élite. Elles ne comprennent toujours pas que Qantas n’appartient (plus) au gouvernement, et qu’il n’y a pas un gouffre sans fond pour jeter de l’argent sur leur avarice. Un peu plus de loyauté des pilotes de Qantas, un peu plus d’engagement à faire leur travail correctement, et cette histoire n’existerait pas »…

Les pilotes rouillés de Qantas 1 Air Journal

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