L’alerte à la bombe à l’origine du déroutement d’un avion de Ryanair en mai dernier vers la Biélorussie, qui avait conduit à l’arrestation d’un journaliste d’opposition à bord, était «délibérément fausse», a conclu une enquête l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) des Nations unies.

Le 23 mai 2021, le vol FR4978 avait décollé de l’aéroport d’Athènes en direction de Vilnius, avec 171 passagers à bord dont onze Français. Mais une alerte à la bombe avait été signalée à l’équipage, qui s’était alors dérouté sur instruction du contrôle aérien biélorusse vers Minsk en Biélorussie –où l’opposant Roman Protasevich et l’étudiante Sofia Sapega avaient été arrêtés à l’atterrissage. Le Boeing 737-800 de Ryanair était reparti sans eux, déclenchant une crise diplomatique qui avait vu l’espace aérien européen fermé aux compagnies aériennes biélorusses.

La Biélorussie a toujours expliqué que c’était en raison d’une alerte à la bombe que l’avion avait été dérouté vers Minsk. Aujourd’hui, l’OACI a terminé son enquête, concluant que «l’alerte à la bombe était délibérément fausse». Remis la semaine dernière aux 193 pays membres, elle sera examinée lundi par les 36 États qui siègent à son conseil.

Le rapport de l’OACI qui décortique cette journée minute par minute montre que le Bélarus a caché certaines informations cruciales pour l’enquête et n’a pas été en mesure d’expliquer certaines incohérences. Concernant l’e-mail contenant l’alerte à la bombe, l’agence note que les horaires fournis par les autorités bélarusses sont incorrects. Les échanges entre la tour de contrôle de Minsk et l’équipage du vol FR4978 montrent l’incompréhension des pilotes et leur doute quant au respect des procédures devant les réponses évasives de l’aéroport biélorusse.

Le rapport précise également qu’en dépit de la présence supposée d’explosifs dans l’appareil, il a fallu 30 minutes pour débarquer les passagers et que l’équipage a été autorisé à rester à bord. Et qu’ensuite, la recherche de la bombe présumée à l’intérieur de l’avion a été superficielle et n’a duré que 18 minutes.

«Ce rapport met en lumière toutes les incohérences dans la version biélorusse des faits», a commenté le ministère français des Affaires étrangères : «Il en résulte que le régime biélorusse a orchestré le détournement d’un avion civil dans le seul but d’arrêter un journaliste d’opposition, Roman Protassevitch

Déroutement de Ryanair en Biélorussie : une alerte à la bombe «délibérément fausse» 1 Air Journal

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