La compagnie aérienne Virgin Atlantic a commandé 2,5 millions de litres de carburant d’aviation durable (SAF) à Neste, pour ses opérations au départ de Londres. Mais elle pense déjà à l’étape suivante, via son partenariat avec Agilyx pour la recherche et le développement de SAF à partir de déchets plastiques.

La semaine dernière, la compagnie britannique annonçait sa première commande de SAF avec Neste Oyi, pour la fourniture de 2,5 millions de litres/2000 tonnes de carburant d’aviation durable pur, qui seront livrés au premier semestre 2022 dans sa base à l’aéroport de Londres Heathrow. Cet accord entre dans le cadre d’une « collaboration plus large » entre Virgin Atlantic et le premier fournisseur mondial de SAF, « pour accroître la disponibilité et l’utilisation de SAF au Royaume-Uni ». Le ‘Neste MY Sustainable Aviation Fuel’ est fabriqué à partir de déchets et de matières premières renouvelables provenant de sources durables ; sous sa forme pure, il peut réduire les émissions de gaz à effet de serre « jusqu’à 80% du cycle de vie, par rapport au carburéacteur fossile traditionnel ». Les deux partenaires sont associés à ExxonMobil, déjà le plus grand fournisseur de carburant de Virgin Atlantic à Heathrow.

« Avec une expérience en tant que leader de la durabilité depuis plus d’une décennie, Virgin Atlantic s’est engagée à atteindre le zéro net d’ici 2050. Aujourd’hui, 100% de sa flotte est biréacteur et 70% est de nouvelle génération, ce qui en fait l’une des flottes les plus jeunes et les plus économes en carburant », rappelle la compagnie aérienne dans un communiqué. Son programme de renouvellement de flotte de plusieurs milliards de dollars « a déjà permis une réduction de 20 % des émissions de carbone entre 2007 et 2019 ».

Holly Boyd-Boland, VP développement d’entreprise de Virgin Atlantic, a déclaré : « Après le renouvellement de la flotte, le SAF représente la plus grande opportunité de décarboner l’aviation à court et moyen terme. Cet approvisionnement est le début d’un SAF commercial à grande échelle pour Virgin Atlantic, et bien qu’il ne soit suffisant que pour opérer 140 vols (avec 35% de SAF) entre Londres et New York, c’est un point de départ ». Et elle rappelle que pour atteindre l’objectif de 10% de SAF en 2030, cela nécessitera « une action intersectorielle et gouvernementale pour soutenir la commercialisation de SAF à grande échelle, en particulier au Royaume-Uni ».

Paul Greenwood, président d’Esso UK Ltd (filiale d’ExxonMobil), a ajouté : « Nous sommes fiers de jouer notre rôle dans cet accord pionnier, facilitant un approvisionnement sûr, sécurisé et fiable en carburant d’aviation à faibles émissions via notre réseau de pipelines dédié ».

Mais le Virgin Group ne compte pas en rester là : il a annoncé mardi un partenariat stratégique avec la société norvégienne de technologie de conversion chimique Agilyx (dont il est un investisseur) pour « la recherche et le développement d’installations de SAF tout en luttant contre les déchets plastiques ». Ces déchets « qui autrement ne seraient pas recyclés seront détournés de la décharge » et réutilisés par pyrolyse pour produire du pétrole brut synthétique ; celui-ci serait ensuite raffiné en carburant « à faible teneur en carbone ». Cyclyx, une société de matières premières innovante détenue majoritairement par Agilyx, s’approvisionnera en déchets plastiques utilisés pour le carburant dans la première installation. Le premier site de valorisation des déchets « devrait se trouver aux États-Unis, avec l’ambition de déployer des usines similaires dans d’autres pays, dont le Royaume-Uni ».

Le groupe souhaite ainsi fournir des solutions de carburant à faible teneur en carbone au marché mondial ; il s’attend à ce que Virgin Atlantic « et d’autres sociétés de Virgin » soient les premiers à les adopter, dans le cadre des plans de transition du groupe visant à atteindre le zéro net d’ici 2050.

Josh Bayliss, PDG du groupe Virgin, a déclaré : « L’innovation et l’entrepreneuriat sont des outils importants pour faire face à la crise climatique. Virgin et d’autres entreprises ont un rôle important à jouer pour relever ces défis, c’est exactement pourquoi nous formons ce partenariat stratégique avec Agilyx. La création de carburant à faible teneur en carbone est une étape importante dans le cheminement vers le zéro net. Nous sommes très heureux d’ajouter ce projet à la gamme d’investissements que nous continuons à faire pour résoudre ces problèmes ».

Tim Stedman, CEO d’Agilyx, a ajouté que « cette plate-forme est unique car elle sera utilisée pour les carburants à faible teneur en carbone tout en donnant l’opportunité future de produire des ‘plastiques circulaires’. Nous considérons les déchets plastiques comme une ressource précieuse qui n’est pas largement exploitée. Grâce à notre technologie, nous visons à libérer la valeur des déchets plastiques qui, autrement, auraient pu être destinés à l’enfouissement ou à l’incinération ».

Les États-Unis sont statistiquement le plus grand producteur de déchets plastiques au monde, avec une moyenne d’environ 130 kilos par personne et par an ; si le projet aboutit, cela participerait au règlement de deux problèmes environnementaux majeurs. Mais l’impact des SAF sur le prix du billet d’avion ne peut être ignoré : « L’apport de biocarburant dans le kérosène augmenterait les coûts d’exploitation des compagnies aériennes de 15% environ. Attendu que les tarifs aériens ont baissé de 30% depuis les années 90 en classe éco, on retrouverait des tarifs de la fin du siècle dernier », commente Fabrice Dariot fondateur du comparateur de tarifs Bourse Des Vols. «Il conviendrait d’accompagner ce virage vert ( encore que l’agriculture combustible exploite des terres naturelles ou nourricières) et forcément inflationniste, de la création d’une caisse de garantie au bénéfice des passagers et mandataires des compagnies aériennes pour créer un climat favorable et rassurant propice au développement du secteur ».

Virgin Atlantic pense au SAF, y compris produit avec des déchets plastiques 1 Air Journal