La confirmation d’un report à 2025 des livraisons du Boeing 777-9 ne plait guère au patron de son meilleur client, la compagnie aérienne Emirates Airlines, pas plus que les problèmes des 787 Dreamliner.

La confirmation par Boeing du report à 2025 de l’entrée en service du 777X, initialement prévue en avril 2020, n’était pas une grande surprise pour Tim Clark, à la tête de la compagnie basée à l’aéroport de Dubaï qui en a commandé 115 (dont neuf sont déjà assemblés). Il avait lui-même annoncé ce report quelques jours plus tôt, après avoir dès février menacé d’annuler sa commande en cas de nouveau retard (« honnêtement, si ça va au-delà de 2023 et que ça dure encore un an, on annule probablement le programme », déclarait-il alors). 

Mais cette possible annulation « n’est pas à l’ordre du jour », a déclaré le patron d’Emirates à Airlines Ratings, même si la patience de la compagnie aérienne n’est « pas infinie ». D’après le Seattle Times, elle vise une entrée en service vers juillet 2025. Et a mis de côté 1,5 milliards de dollars pour reconfigurer les 777-300ER et A380 qui auraient dû être remplacés par les 777X, a précisé Tim Clark, décrivant les premiers nouveaux gros-porteurs comme des « avions de seconde main », puisque produits sept ans avant leur livraison.

 

 

Les autres clients du 777X dont des exemplaires sont déjà assemblés (5 pour Lufthansa, 3 pour Qatar Airways et 3 pour All Nippon Airways selon BOE Family Flights, en plus des quatre utilisés pour les essais) sont restés plutôt discrets. Un porte-parole de Lufthansa a déclaré à Simple Flying être « au courant » du nouveau report, ajoutant : « en tant que l’une des compagnies de lancement, nous avons des échanges constants avec Boeing et nous adaptons à la situation ». La compagnie de Star Alliance avait réduit fin 2019 de 34 à 20 ses commandes fermes de 777-9, attendus initialement entre 2020 et 2025, les quatorze autres (déjà mentionnés comme reconfimables et n’ayant jamais figuré dans les listings de Boeing) étant officiellement transformés en options.

 

Ce report du 777X va entre autres permettre à Boeing de se concentrer sur deux autres programmes « à problème », le 737 MAX et surtout pour Emirates Airlines le 787 Dreamliner (dont un « plan de certification » a été remis à l’Administration fédérale de l’aviation américaine (FAA). Les trente 787-9 commandés sont censés être livrés à partir de l’année prochaine, et Tim Clark n’a pas caché son pessimisme : « Nous examinons l’ensemble de la situation et voyons si le 787 a sa place dans la flotte ou non. Nous informerons Boeing en conséquence », ajoutant qu’une annulation ne serait pas « une surprise » pour lui.

Le PDG de Boeing Dave Calhoun a confirmé que suite à l’absence de livraison ou presque de 787 neufs depuis 18 mois, 115 Dreamliner sont « en attente de réparation et de livraison » (sur un carnet de commandes qui en comptait 481 à la fin mars 2022, et 405 après application de la norme comptable ASC606).

Retards du 777X et du 787: Emirates laisse planer le doute 1 Air Journal

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