Deux syndicats représentant  le personnel de cabine de la compagnie aérienne low cost Ryanair en Espagne appellent à quatre jours de grève par semaine entre le mois prochain et début janvier 2023, tandis qu’une polémique croit suite au retour du salaire de Michael O’Leary aux niveaux d’avant la pandémie de Covid-19.

Suite aux mouvements de grève menés depuis la fin juin et relancés ce weekend, les syndicats USO et Sitcpla représentant les hôtesses de l’air et stewards espagnols de la spécialiste irlandaise du vol pas cher en Espagne ont surenchéri le 28 juillet 2022 : ils appellent à de nouveaux arrêts de travail du lundi au jeudi entre le 8 aout 2022 et le 7 janvier 2023. Les revendications portent toujours un alignement de leurs conditions de travail sur celles de leurs homologues en France et en Allemagne par exemple, le passage de 9 à 14 jours fériés comme pour le reste des employés en Espagne, ou l’arrêt du recours à Crewlink et Workforce. Mais aussi la réintégration de 11 PNC licenciés – et l’arrêt des poursuites contre « une centaine d’autres » – pour avoir fait grève.

Le mouvement, qui touche les dix aéroports espagnols où Ryanair dispose de bases dont Madrid, Barcelone, Malaga ou Palma de Majorque, a entrainé depuis le mois dernier 310 annulations de vol et plus de 3450 retards. La low cost a signé un accord avec le syndicat majoritaire CCOO « sur les salaires, les tableaux de service et les indemnités pour son personnel de cabine espagnol ». Mais selon USO, Ryanair est « une entreprise qui ne respecte pas les décisions de justice, ne respecte pas la loi et utilise la peur, la coercition et les menaces contre ses employés » – et refuse de négocier. La direction de la low cost affirmait de son côté que les syndicats réclament jusqu’à 165% d’augmentation des salaires.

Ryanair a réagi à cette annonce : un communiqué explique que « les récentes grèves ont été peu soutenues et n’ont eu qu’un effet minime. Ryanair a assuré plus de 45.000 vols au départ et à destination de l’Espagne au cours des trois derniers mois, avec moins de 1% de vols affectés par la grève du personnel de cabine, et Ryanair s’attend à un minimum de perturbations cet hiver ».

Moins gênante pour les passagers, la polémique grandit néanmoins autour du salaire de Michael O’Leary : le CEO de Ryanair Holdings avait volontairement réduit de moitié son salaire de base pour 2021, à 250 000 €. Mais selon le quotidien Irish Examiner, il a retrouvé à fin mars 2022 ses niveaux de revenus d’avant la pandémie de Covid-19, soit 975.000 euros y compris un bonus de 475.000 euros dont il avait été privé l’année précédente. D’autres revenus liés aux performances de l’action totalisent 1,8 millions d’euros supplémentaires, selon le rapport financier annuel.

Rappelons qu’en 2020, l’assemblée générale de Ryanair avait accepté de verser un bonus de 458.000 euros à Michael O’Leary au titre de l’exercice fiscal 2019-2020, même si un tiers des actionnaires s’était opposé à cette mesure jugée injustifiée au moment où le transport aérien traversait une crise sans précédent.

Cette augmentation du salaire du CEO est « une gifle pour les pilotes », ont déploré les syndicats belges CNE et ACV Puls, rappelant qu’ils n’ont aucun espoir de voir la rémunération des PNT revenir aux niveaux d’avant la crise sanitaire, alors qu’ils avaient accepté une baisse de salaire de 20%. La grève des pilotes le weekend dernier dans les aéroports de Charleroi et Bruxelles avait entrainé l’annulation d’une soixantaine de vols. Didier Lebbe du syndicat CNE expliquait que Ryanair « a indiqué que l’activité avait atteint 115% par rapport à son niveau de 2019, il n’y a donc rien qui empêche cette revalorisation salariale »

 

Ryanair : 5 mois de grève en Espagne, et le salaire du CEO 1 Air Journal

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