La compagnie aérienne low cost easyJet a dévoilé hier sa nouvelle feuille de route vers une année 2050 sans émissions, qui table en particulier sur son partenaire Rolls Royce en pleins préparatifs des premiers essais de moteurs à hydrogène.

Après avoir ajouté les solutions logicielles d’Airbus à ses efforts à court terme pour une aviation plus durable, la spécialiste britannique du vol pas cher a présenté le 26 septembre 2022 la feuille de route “net zéro” « la plus ambitieuse à ce jour parmi les compagnies aériennes, qui met l’accent sur les nouvelles technologies – dès que celles-ci seront disponibles – et sur l’ambition à long terme de parvenir à des vols zéro émission de carbone, pour l’ensemble de la flotte ». Cette initiative vient compléter l’adhésion d’easyJet l’année dernière à “Race to Zero“, un programme soutenu par les Nations Unies. Une fois les technologies zéro émission disponibles, easyJet sera en mesure d’éliminer 78% de ses émissions de CO2 par passager/kilomètre d’ici à 2050, les émissions résiduelles étant traitées par une technologie de retrait de carbone selon son communiqué (la compensation carbone est elle abandonnée). Avec pour « ambition ultime » de parvenir à des vols à zéro émission de carbone pour l’ensemble de sa flotte. 

Les avancées des technologies zéro émission s’accélèrent alors que Rolls Royce, partenaire d’easyJet, boucle les préparatifs pour les premiers essais au sol d’un moteur à hydrogène avant de développer ceux destinés aux monocouloirs (elle opère 325 Airbus de la famille A320). EasyJet « étudie toutes les options de vol zéro émission, sur la base des avancées technologiques actuelles », mais souligne que l’hydrogène est celle qui présente « le plus grand potentiel de décarbonation pour une compagnie aérienne court-courrier » comme elle. L’hydrogène n’émet pas de carbone sur les phases opérationnelles, souligne-t-elle, et a également le potentiel de réduire de manière significative les émissions autres que le CO2 générées par les vols ». Et elle annonce un investissement de « plusieurs millions de livres » dans son partenariat avec Rolls-Royce pour soutenir le développement de la motorisation à hydrogène.

Au cours des deux dernières années, le développement de la technologie zéro émission de carbone s’est accéléré « de manière exponentielle », et easyJet travaille avec des partenaires, dont Airbus, Rolls-Royce, GKN Aerospace, Cranfield Aerospace Solutions et Wright Electric, pour « accélérer ce processus ». Il s’agit d’un « effort intersectoriel et, en tant que grande compagnie aérienne européenne, easyJet fournit non seulement le point de vue de la compagnie aérienne et du client à ses partenaires, mais démontre également aux constructeurs qu’il existe une demande pour des avions à zéro émission de carbone ». La low cost a en outre annoncé un investissement de plusieurs millions de livres sterling dans les dernières technologies aériennes pour l’ensemble de sa flotte, dont un contrat avec son fournisseur Q8Aviation pour tout le SAF – Sustainable Aviation Fuel – « requis pour les cinq prochaines années ».

Cette « transition » vers une technologie zéro émission s’accompagne de plusieurs engagements pris par easyJet dans sa feuille de route : le renouvellement de la flotte, l’efficacité opérationnelle, la modernisation de l’espace aérien, le carburant durable et la technologie de retrait de carbone. La compagnie affirme faire figure de « pionnière sur le sujet de la réduction de ses émissions de carbone et a déjà réduit de plus d’un tiers ses émissions de carbone par passager et par kilomètre, au cours des vingt dernières années ».

La feuille de route d’easyJet a été élaborée « sur la base des connaissances et des avancées technologiques actuelles, et pourra être ajustée dans le temps et certains éléments revus à la hausse ou à la baisse ». La low cost avait précédemment annoncé un objectif transitoire de réduction de 35% de l’intensité de ses émissions de carbone d’ici 2035, validé par l’initiative Science-Based Targets (SBTi). EasyJet a en particulier signé une lettre d’intention avec Airbus pour soutenir le développement de la technologie de retrait carbone, qui capte le CO2 directement dans l’atmosphère et le stocke ensuite « de manière sûre et permanente dans le sous-sol ». EasyJet est là encore l’une des premières compagnies aériennes au monde à soutenir cette technologie naissante, reconnue par les climatologues, notamment dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), comme essentielle pour aider le monde à aller au-delà de l’atténuation du climat et à soutenir l’objectif de zéro émission nette en éliminant les émissions résiduelles.

Johan Lundgren, Directeur Général d’easyJet, a déclaré : « Questionner et bousculer le statu quo est dans notre ADN. Nous avons rendu le voyage en avion abordable pour tous il y a plus de 25 ans, et menons aujourd’hui la décarbonation du secteur. Aujourd’hui, nous sommes la première compagnie aérienne à présenter une feuille de route ambitieuse dans laquelle la technologie zéro émission de carbone joue un rôle clé pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050 et par conséquent nous permettre d’opérer des vols à zéro émission de carbone sur l’ensemble de notre flotte. Cette ambition franchit aujourd’hui une étape, alors que notre partenaire Rolls-Royce effectue les derniers préparatifs pour le début des essais au sol du moteur hydrogène ». 

La décarbonation de l’aviation « est un chantier majeur auquel participe l’ensemble du secteur, mais nous avons également besoin du soutien des gouvernements britannique et européens pour nous aider à atteindre l’objectif de zéro émission nette. Pour cela nous avons clairement identifié les mesures essentielles qui doivent être prises. Nous pouvons désormais nous concentrer sur les actions qui nous permettront d’atteindre le zéro émission nette dans les années à venir, contribuant ainsi à garantir un avenir durable pour l’aviation, dans l’intérêt de la prochaine génération et de notre planète », a ajouté le dirigeant.

En France, easyJet « appliquera l’obligation de compenser les émissions de carbone des vols domestiques comme le demande l’article 147 de la loi Climat et résilience. En outre, elle investira dans des projets environnementaux locaux qui soutiennent la biodiversité au profit des communautés locales qu’elle dessert ». 

Zéro émission en 2050 : easyJet, Rolls Royce et l’hydrogène 1 Air Journal

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