Plus de treize ans après le crash du vol AF447 Rio-Paris, le nouveau procès en correctionnelle pour « homicides involontaires » de l’avionneur Airbus et la compagnie aérienne Air France débutera ce lundi et durera deux mois à la 31e chambre correctionnelle du tribunal de Paris.

Le crash de l’Airbus A330-200 dans le dans l’Océan atlantique, le 1er juin 2009, avait entraîné la mort des 216 passagers et 12 membres. C’est à ce jour l’accident le plus meurtrier de l’histoire d’Air France. Après une première enquête, les juges d’instruction avaient alors prononcé un non-lieu le 29 août 2009. Scandalisés, les proches des victimes et les syndicats de pilotes ont fait appel et, le 12 mai 2021, la chambre de l’instruction a prononcé le renvoi pour « homicides involontaires » des mis en cause Airbus et Air France devant le tribunal correctionnel de Paris.

Aujourd’hui, à l’issue d’un « combat judiciaire » et d’une instruction « chaotique », « nous attendons que ce procès soit bien le procès d’Airbus et d’Air France » et non « celui des pilotes », a déclaré Danièle Lamy, présidente de l’association de proches de victimes Entraide et Solidarité AF447. « Nous attendons un procès impartial, exemplaire, pour que cela ne se reproduise plus et que, par ce procès, les deux prévenus mettent la sécurité aérienne au centre de leurs préoccupations plutôt que seulement la rentabilité », a-t-elle ajouté.

« Air France, qui avait bénéficié d’un non-lieu à l’issue de l’instruction, continuera à démontrer qu’elle n’a pas commis de faute pénale à l’origine de l’accident et plaidera la relaxe », a indiqué de son côté la compagnie aérienne dans un communiqué. Quant à l’avionneur Airbus, qui n’a pas souhaité s’exprimer avant le procès, il conteste lui-aussi toute faute pénale.

Dans son rapport publié en juillet 2012, le Bureau Enquête et Analyse (BEA) avait établi une série de défaillances humaines et techniques qui avait conduit au crash : le givrage en vol de sondes de vitesse Pitot avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l’A330-200 et désorienté les pilotes jusqu’au décrochage de l’avion. 

Dans son arrêt de renvoi, la cour d’appel a estimé qu’il existait des charges suffisantes contre Air France pour s’être « abstenu de mettre en œuvre une formation adaptée (et) l’information des équipages qui s’imposait » face au givrage des sondes, « ce qui a empêché les pilotes de réagir comme il le fallait ». Airbus a été renvoyé pour avoir « sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques équipant l’aéronef A 330, en ne prenant pas toutes les dispositions nécessaires pour informer d’urgence les équipages des sociétés exploitantes et contribuer à les former efficacement ».

« C’est un procès qui va être très technique », a annoncé Me Alain Jakubowicz, avocat d’Entraide et Solidarité AF447. « Bien sûr qu’on va aller sur ce terrain-là, nous y sommes prêts, mais notre souci aussi c’est de redonner cette dimension humaine[…] Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, qui sont morts, qui pouvaient être vous ou moi », a-t-il affirmé.

À la barre se succéderont surtout de nombreux experts aéronautiques et pilotes : la 31e chambre correctionnelle du tribunal de Paris devra en effet déterminer si Airbus et Air France ont commis des fautes en lien certain avec l’accident. En cas de condamnation, ces derniers encourent à des dizaines de millions d’euros d’indemnités à verser aux proches des victimes.

 

Crash AF447 : Airbus et Air France jugés pour « homicides involontaires » 1 Air Journal

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