Le dirigeant de Boeing ne voit pas l’avionneur lancer un nouvel avion avant 2035, un horizon envisagé également par Airbus pour les avions à hydrogène. Ce qui enterrerait pour cette décennie au moins le projet de NMA.

Le 2 novembre 2022 à Seattle, lors de la première journée des investisseurs tenue par Boeing depuis 2018, le discours d’ouverture du CEO Dave Calhoun a été marqué par une petite phrase à propos d’un éventuel nouvel avion : « Je ne pense pas que nous atteindrons même la planche à dessin durant cette décennie ». Il a admis comme son rival que lancer un nouveau modèle sans nouvelle motorisation apportant de réelles solutions aux problèmes de consommation et de durabilité n’avait pas de sens, citant « une amélioration de 20% » comme objectif minimal par rapport aux avions actuels. Mais il a aussi suggéré que le prochain aéronef pourrait être autonome (à l’instar des taxis VTOL développés avec Wisk),  même s’il ferait ses débuts avec des pilotes..

Dave Calhoun avait déjà renvoyé ses ingénieurs devant cette même planche à dessin en janvier 2021, leur demandant de repartir à zéro pour un nouvel avion de 220 à 270 sièges qui occupera le Middle of Market (MoM), signant la mort du précédent projet de NMA (new mid-market airplane) qui devait être lancé en 2025. Mais il se devait alors gérer la re-certification du 737 MAX cloué au sol, et le programme 777X (dont l’entrée en service a finalement été reportée à 2025)…

Côté finances en revanche, les annonces de Boeing hier ont été très bien accueillies : le constructeur prévoit d’atteindre vers 2025 ou 2026 les 10 milliards de dollars de cash-flow par an – et reviendra dès cette année 2022 à un cash-flow positif. « J’ai l’impression que nous avons atténué ces moments existentiels auxquels nous avons dû faire face », a-t-il déclaré, citant en particulier le « de-risking » de la Chine où ses monocouloirs remotorisés attendent toujours le feu vert du régulateur CAAC pour redécoller.

Boeing a d’autre part expliqué aux investisseurs que les quelque 270 737 MAX et 115 787 Dreamliner assemblés mais non livrés auraient quitté ses parkings « d’ici 2025 », ce qui selon le directeur financier Brian West permettrait à la division Avions Commerciaux (BCA) de redevenir la « machine à cash » générant 6 milliards de dollars chaque année. Le rythme de production des MAX devrait atteindre au deuxième semestre 2023 les « low forties » (entre 40 et 45), et il vise « plus haut » que les livraisons officiellement espérées entre 400 et 450 737 MAX et entre 70 et 80 787 Dreamliner.

Au sujet des appareils entassés dans les parkings, on retiendra deux citations : selon Dave Calhoun, « il faut autant d’heures pour remettre ces MAX en service qu’il en a fallu pour les assembler », et selon le CEO de BCA Stan Deal il faut « plus d’heures pour inspecter et remettre en service un 787 qu’il n’en a fallu pour le construire »…

Boeing : pas de nouvel avion avant 2035 ? 1 Air Journal

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