Un tribunal néerlandais a rendu son verdict hier dans le procès sur le vol MH17 de la compagnie aérienne Malaysia Airlines en Ukraine en 2014, qui avait entrainé la morts des 298 personnes à bord du Boeing 777 abattu par un missile.

Pas vraiment de surprise à La Haye dans le verdict du 17 novembre 2022, après un procès de plus de deux ans sans la présence des accusés. Sur les quatre personnes inculpées pour meurtre en juin dernier, trois ont écopés de la peine maximale : les Russes Igor Girkin, Sergey Dubinsky et Oleg Pulatov  et l’Ukrainien Leonid Kharchenko ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour avoir joué « un rôle crucial » dans le déclenchement de la catastrophe ayant frappé la compagnie nationale malaisienne, qui opérait le 17 juillet 2014 le vol MH17 entre Amsterdam-Schiphol et l’aéroport de Kuala Lumpur. Le Russe Oleg Poulatov a été acquitté.

Selon le juge président Hendrik Steenhuis, le crash du vol MH17 a été provoqué par le tir « depuis un champ agricole près de Pervomaïskyi dans l’est de l’Ukraine » ; il évoquait hier « une abondance de preuves à l’appui de cette conclusion », telle qu’un « fragment en forme de papillon du missile trouvé dans le corps d’un membre d’équipage » dans le cockpit. Le Boeing 777-200ER de Malaysia Airlines survolait cette région en plein conflit séparatiste quand il a été abattu par un missile BUK. Les trois condamnés ont été jugés responsables du transport du système de missile depuis une base militaire en Russie, et de son déploiement sur le site de lancement, « même s’ils n’ont pas appuyé eux-mêmes sur le bouton ».

Les réactions politiques ont également été sans surprise : le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué sur les réseaux sociaux une « décision importante du tribunal de La Haye », ajoutant que « la punition pour toutes les atrocités russes – à la fois d’hier et d’aujourd’hui – sera inévitable ». Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé dans un communiqué un jugement « basé sur un ordre de politique » : « tout au long de la procédure, le tribunal s’est retrouvé sous une pression inédite de responsables politiques néerlandais, des représentants du parquet et de médias, qui ont imposé une issue politiquement motivée au procès ».

Rappelons que l’enquête technique, excluant toute participation russe, avait conclu en 2016 que le missile avait été tiré depuis un territoire contrôlé par les séparatistes prorusses, après avoir été acheminé depuis la Russie. Le parquet soulignait alors qu’il n’accusait pas Moscou d’avoir donné ce système aux rebelles : après son arrivée dans l’est de l’Ukraine dans la nuit précédant le tir, le système BUK avait été transporté entre le 17 et le 18 juillet en Ukraine sur « un camion Volvo blanc avec une semi-remorque à plateau », escorté par « plusieurs autres véhicules et par des hommes armés en uniforme ». Le rapport final publié un an plus tard par l’OVV avait précisé que l’avion s’était écrasé « à la suite de la détonation d’une ogive à l’extérieur de l’avion au-dessus et à gauche du cockpit ».

En mai 2018, un rapport intérimaire des policiers et enquêteurs néerlandais accusait une brigade russe venue de Koursk d’avoir fourni le système de missiles ; il avait retracé, grâce à des plaques d’immatriculation et autres identifiants, le trajet d’un convoi d’environ 50 véhicules militaires (dont six transportant des BUK) ayant quitté sa base le 23 juin pour arriver deux jours plus tard à Millerovo, à 25 km de la frontière avec l’Ukraine. Mais le rapport précisait ne pas pouvoir expliquer pourquoi et par qui le missile a été tiré contre le vol MH17. Les preuves présentées « soulèvent des questions, dont celle de savoir si la brigade elle-même était activement impliquée dans la destruction du vol MH17 », était-il alors expliqué.

Crash du vol MH17 en Ukraine : prison à vie pour trois séparatistes 1 Air Journal

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