Boeing devra se présenter fin janvier devant un tribunal du Texas pour y être mis en accusation pour fraude, suite à une plainte des familles de victimes des crashes de 737 MAX 8 chez Lion Air puis Ethiopian Airlines, qui avaient fait 346 morts.

Le juge fédéral Reed O’Connor a ordonné le 19 janvier 2022 à l’avionneur américain de se présenter jeudi prochain devant son tribunal de Fort Worth pour y être accusé de fraude, estimant que l’accord passé en 2021 entre Boeing et la justice avait été passé sans participation des familles de victimes, contrairement à la loi sur les « droits des victimes de crime ».

En janvier 2021, l’avionneur avait obtenu du Département de la Justice (DoJ) l’immunité sur les accusations de « complot en vue de commettre une fraude » pour avoir caché des informations sur le MCAS lors de la certification du 737 MAX ; en échange d’un paiement de plus de 2,5 milliards de dollars pour « reporter les poursuites contre la société, à condition que Boeing respecte les obligations énoncées dans un accord de poursuite différée de trois ans, après quoi l’accusation sera rejetée ».

Le juge fédéral avait statué sur le sujet en octobre dernier, appelant tous ceux identifiés comme « victimes de crimes » à se présenter le 26 janvier. L’avocat gérant pro bono les poursuites des familles de victime, Paul G. Cassell, a déclaré hier: « Les familles apprécient la décision du juge selon laquelle Boeing sera traité comme tous les autres accusés dans les affaires pénales fédérales, et mis en accusation. Certains membres des familles prévoient de se rendre au Texas la semaine prochaine pour s’adresser à l’entreprise pénalement responsable de la mort de leurs proches ».

Il est très rare aux USA qu’une entreprise soit mise en accusation pour crime dans les enquêtes sur les accidents d’avion. Ceux de 2018 en Indonésie et 2019 en Éthiopie ont déjà coûté à Boeing selon le cabinet Clifford Law plus de 20 milliards de dollars ; ils avaient entrainé l’immobilisation au sol des MAX pendant 20 mois, et poussé le Congrès à adopter une législation réformant la certification d’avion – loi qui vient d’être outrepassée pour les MAX 7 et surtout MAX 10.

Crashes des Boeing 737 MAX : une accusation de fraude au Texas 1 Air Journal

Crash Lion Air ©BASARNAS