Deux importantes associations de pilotes commerciaux en Inde ont rejeté les allégations selon lesquelles une erreur humaine ou un suicide aurait été à l’origine du tragique accident du vol AI171 d’Air India, qui a fait 260 morts, dont 19 au sol.

Le rapport d’enquête préliminaire suggère que les interrupteurs d’arrivée de carburant des moteurs du Boeing 787 ont été éteints, mais deux syndicats de pilotes ont contesté toute implication humaine prématurée dans l’enquête, demandant un examen plus approfondi de l’incident.

L’Association indienne des pilotes commerciaux (ICPA) s’est déclarée « profondément troublée par les récits spéculatifs… en particulier l’insinuation imprudente et infondée de suicide du pilote ». « À ce stade, une telle affirmation est totalement dénuée de fondement », affirme son communiqué dimanche, ajoutant : « Cela témoigne d’une profonde insensibilité envers les personnes et les familles concernées.»

Ce syndicat a déclaré que l’équipage « a agi conformément à sa formation et à ses responsabilités dans des conditions difficiles et que les pilotes ne devraient pas être vilipendés sur la base de conjectures ». « Suggérer avec désinvolture le suicide d’un pilote sans preuve vérifiée est une violation flagrante de l’éthique de l’information et un mauvais service rendu à la dignité de la profession. Suggérer avec désinvolture le suicide d’un pilote sans preuve avérée constitue une violation flagrante de l’éthique journalistique et un préjudice à la dignité de la profession », a ajouté le syndicat.

L’Association des pilotes de ligne indiens (ALPA) a quant à elle critiqué la tournure prise par l’enquête, dénonçant une orientation qui présume la responsabilité des pilotes. Elle regrette aussi le manque de transparence du processus et le fait de ne pas être associée à l’enquête en tant qu’observateur. L’ALPA a également accusé l’agence d’enquête en « secret » dans l’enquête, affirmant que « du personnel qualifié » n’y avait pas participé. « Nous estimons que l’enquête est menée dans une direction qui présume la culpabilité des pilotes et nous nous opposons fermement à cette façon de penser », a déclaré Sam Thomas, président de l’ALPA India, dans un communiqué publié samedi.

Le rapport, publié samedi par le Bureau indien d’enquête sur les accidents d’aviation (AAIB), ne propose aucune conclusion finale ni ne désigne les responsabilités pour la catastrophe du 12 juin. Il indique toutefois qu’un pilote a demandé à l’autre pourquoi il avait coupé le carburant, ce à quoi le second pilote a répondu qu’il ne l’avait pas fait. Aucun détail supplémentaire n’a été révélé concernant les échanges entre les pilotes dans le cockpit.

Les conclusions initiales de l’enquête ont suscité des spéculations chez plusieurs experts aéronautiques indépendants, selon lesquelles une action délibérée ou involontaire du pilote pourrait avoir provoqué le crash du Boeing 787-8 Dreamliner à destination de Londres, peu après son décollage d’Ahmedabad, dans l’ouest de l’Inde le 12 juin dernier.

Campbell Wilson, PDG d’Air India, a lui également voulu apporter un peu de clarté en cette période de spéculation sur les causes réelles du crash, en déclarant que l’enquête préliminaire n’avait révélé aucun problème mécanique ou de maintenance concernant l’appareil ou ses moteurs. Dans une note interne, M. Wilson a cherché à répondre aux inquiétudes croissantes, ajoutant que l’ensemble de la flotte de 787 de la compagnie aérienne avait été inspecté dans les jours qui ont suivi le crash et que tous les appareils avaient été jugés aptes au service. Il a également précisé que les pilotes avaient réussi l’alcootest obligatoire avant le vol et qu’aucune observation n’avait été formulée concernant leur état de santé, ajoutant que l’enquête était « loin d’être terminée ».

Crash Air India : deux syndicats de pilotes nient les allégations prématurées d'erreur humaine ou de suicide 1 Air Journal

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