L’IATA en faveur du développement de Londres-Heathrow, mais pas à n’importe quel prix

L’Association internationale du transport aérien (IATA) a récemment réagi aux propositions de développement futur de l’aéroport londonien d’Heathrow, mises sur la table par Heathrow Airport Limited (HAL) et le groupe Arora, qui prévoit un investissement colossal estimé à 49 milliards de livres sterling (57 milliards d’euros).

Ce budget englobe la construction d’une troisième piste, ainsi qu’une modernisation complète des infrastructures existantes. L’objectif est clair : augmenter sa capacité annuelle de 84 à 150 millions de passagers, afin de maintenir sa place incontournable face aux autres hubs européens, Paris-CDG, Amsterdam-Schiphol ou encore Francfort. « Des arguments économiques solides plaident en faveur d’un accroissement des capacités aéroportuaires dans le Sud-Est du Royaume-Uni. Heathrow, seul hub véritablement mondial du pays, est au cœur de ces projets. Nous saluons la décision du gouvernement d’appuyer l’ambition internationale du Royaume-Uni en avançant sur l’expansion d’Heathrow », déclare l’IATA. L’organisation tient toutefois à rappeler que ce développement ne doit pas être mené à n’importe quel prix, ni présumer que l’opérateur historique, HAL, soit le mieux placé pour mener à bien cette tâche capitale pour la croissance économique nationale.

Les performances de HAL suscitent en effet l’inquiétude. L’opérateur peine régulièrement à respecter les standards de service convenus. La fermeture de l’aéroport en mars dernier, vue comme une humiliation internationale, entame gravement la confiance dans le management d’Heathrow. Par ailleurs, la fierté affichée par HAL d’être le deuxième aéroport le plus cher du monde montre, selon l’IATA, un manque de considération flagrant envers ses clients, compagnies aériennes comme passagers. Quant à l’argument de HAL selon lequel son projet serait supérieur sous prétexte d’une avance dans la planification, il écarte délibérément les véritables priorités du Royaume-Uni.

Des investissements massifs, chiffrés en milliards de livres, ont déjà été réalisés à Heathrow, mais sans répondre pleinement aux attentes des compagnies aériennes ni des voyageurs. Il est donc d’autant plus crucial que les fonds qui seront investis dans l’extension à venir soient beaucoup mieux utilisés. « Il faudra porter une attention particulière à l’efficacité, tant au niveau des coûts, des opérations que de l’expérience client », insiste l’IATA.

Les compagnies aériennes attendent d’étudier en détail les deux projets afin d’en évaluer les mérites, notamment en matière de coûts et d’avantages pour les consommateurs. La décision du gouvernement quant à la marche à suivre devra impérativement prendre en compte l’avis des compagnies aériennes, principales utilisatrices des futures infrastructures.

L’IATA se félicite par ailleurs que le groupe Arora, reconnu pour sa connaissance d’Heathrow et son expertise dans le secteur, apporte une perspective nouvelle et bienvenue. « Cette décision est trop importante pour être confiée uniquement à HAL », conclut Willie Walsh, directeur général de l’IATA.

Pour mémoire, le secteur aérien représente un pilier essentiel de l’économie britannique, générant 160 milliards de dollars de valeur ajoutée, soit 4,8% du PIB national, et employant environ 1,6 million de personnes. Une réforme de cette envergure revêt donc des enjeux économiques et sociaux majeurs, dans un contexte de concurrence internationale accrue et de hausse continue du trafic passagers.

©LHR / David Dyson