Boeing a remporté une bataille judiciaire importante au Brésil, sécurisant ainsi le droit pour sa filiale locale de continuer à embaucher des ingénieurs, après qu’une cour fédérale brésilienne a rejeté une plainte déposée par deux associations de l’industrie aérospatiale qui cherchaient à limiter les pratiques de recrutement du géant américain.
Les associations professionnelles accusaient Boeing d’avoir procédé au recrutement massif, dès avant l’ouverture de son centre d’ingierie et technologie à São José dos Campos en 2023, de centaines d’ingénieurs expérimentés issus de sociétés brésiliennes, notamment Embraer. Ce mouvement de recrutement avait suivi l’échec de la tentative de rachat par Boeing de la division aviation commerciale d’Embraer, avortée en 2020.
La plainte, portée par l’Association brésilienne des industries de défense et de matériel de sécurité (Abimde) et l’Association des industries aérospatiales brésiliennes (AIAB), dénonçait une « saignée » du vivier limité de professionnels hautement qualifiés en aérospatiale au Brésil. Ces associations demandaient notamment à ce que Boeing soit limité à recruter au maximum 6% des ingénieurs issus de chaque entreprise brésilienne par an, sous peine d’une amende avoisinant un million de dollars par embauche excédentaire.
Le juge Renato Barth Pires a reconnu que Boeing avait mené une politique de recrutement « agressive », soulevant que la perte rapide de personnels clés pouvait perturber des programmes de développement et engendrer des postes vacants prolongés. Toutefois, il a jugé que ce mode de recrutement ne violait pas la loi brésilienne. Il a rappelé que le droit au libre exercice professionnel permet aux ingénieurs de rechercher des opportunités plus attractives, et que ces restrictions ne pouvaient pas être imposées judiciairement. Selon lui, « le recrutement d’ingénieurs par Boeing, y compris ceux diplômés du master professionnel issu du partenariat Embraer/ITA, bien que frustrant, n’est pas illégal et ne justifie pas une intervention judiciaire pour empêcher ou limiter ces embauches. »
Les faits reprochés révèlent que près de 500 ingénieurs auraient été recrutés par Boeing avant même l’inauguration de son centre de São José dos Campos, de nombreux profils venant d’Embraer, qui forme depuis longtemps ses professionnels en partenariat avec l’Institut de Technologie de l’Aéronautique (ITA). Ces ingénieurs, souvent formés dans des institutions publiques renommées telles que l’ITA, l’UFMG ou l’UFSCar, cumulent une expérience dans des projets de défense sensibles, détenant des connaissances jugées stratégiques pour la souveraineté nationale, et ayant parfois accès à des informations classifiées.
Selon des rapports, toutes les grandes entreprises aérospatiales et de défense brésiliennes ont subi ces pertes humaines, dont Embraer, Akaer, Avibras, AEL Sistemas, Safran et Mac Jee. Le président d’Abimde, Roberto Gallo, avait évoqué un impact majeur, soulignant que dix entreprises stratégiques du secteur de la défense avaient déjà vu jusqu’à 70% de leur équipe dans des domaines clés passer chez Boeing. Ces pertes avaient été pointées comme un risque potentiel pour la sécurité nationale et la base industrielle de défense du Brésil.
Pourtant, le juge Pires n’a pas retenu ces arguments en les qualifiant de risques « purement potentiels », sans preuve tangible d’atteinte à la défense ou à la sécurité nationales. Il a également insisté sur la nécessité de respecter la liberté d’entreprendre et le droit des travailleurs à changer d’emploi. Abimde et l’AIAB ont signalé qu’ils pourraient faire appel de cette décision.
Le centre d’ingénierie et de technologie Boeing de São José dos Campos, inauguré en octobre 2023, est une étape clé dans l’expansion stratégique de l’avionneur américain au Brésil. Situé dans cette ville emblématique de l’aérospatiale brésilienne où Boeing a débuté ses opérations en 2014, ce centre est l’un des 15 sites d’ingénierie de Boeing à travers le monde dédiés au développement de technologies avancées pour stimuler l’innovation dans le secteur aéronautique.
Le centre emploie environ 500 ingénieurs hautement qualifiés qui travaillent sur les programmes actuels et futurs de Boeing, renforçant ainsi sa présence locale et sa capacité à relever les défis technologiques de l’industrie aéronautique mondiale. Cette implantation s’inscrit dans une stratégie plus large qui inclut notamment un partenariat avec l’état de São Paulo portant sur le développement technologique aérospatial, l’éducation STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), la promotion de l’industrialisation et l’innovation, ainsi que le renforcement des talents dans l’écosystème aérospatial brésilien avec un accent sur la diversité.

pompon a commenté :
14 août 2025 - 11 h 55 min
Le globalisme, mondialisme, progressisme a encore frapé….
La valeur boursiére réele de Boeing est équivalante à zero.
Cette société aurait du couler il y a 5 ans, et ironie de l’histoire Embraer aurait pu la racheter. Donc le droit Bresilien (et non la justice) s’est appliqué à une situation faussée d’un point de vu “juste” de la situation réele.
Mais cette situation reflaite bien que les USA sont égémoniques, puisqu’ils appliquent aux autres ce qu’ils ne s’appliquent pas à eux mêmes, tout en tordant le droit local, et enfin que le niveau de formation professionnel aux US est bien pourri pour aller systematiquent piller le vivier pro des autres pays ( éléctronique, informatique, etc…). Un peu comme nous avec la santé.
Tilo a commenté :
14 août 2025 - 14 h 18 min
De quoi ont-ils peurs ses associations que Boeing pique les meilleurs ingénieurs de l’aéronautique brésilienne notamment ceux d’Embraer ? Que Boeing face de l’ombre à Embraer avec sa filiale locale ? Je comprend cette association de l’industrie aérospatiale brésilienne qui défend les intérêts des employés brésiliens dans l’aéronautique.
Tilo a commenté :
14 août 2025 - 14 h 21 min
Qui défendent les intérêts de l’emploi aéronautique au Brésil je voulais dire .