À peine cinq mois après être sortie d’une procédure de faillite (Chapter 11), Spirit Airlines, pionnière des vols à très bas coûts aux États-Unis, fait à nouveau face à un avenir très incertain.

Dans son dernier rapport trimestriel adressé à la SEC (Securities and Exchange Commission), organisme fédéral américain chargé de la régulation aux Etats-Unis, la compagnie avertit qu’elle pourrait ne pas survivre plus d’un an sans obtenir des liquidités supplémentaires, malgré ses efforts de restructuration financière entamés en mars 2025. Spirit cite des « conditions de marché défavorables » avec une surcapacité sur le marché domestique et une demande de voyages loisirs en berne, phénomène persistant depuis la pandémie. Cette faiblesse de la demande empêche l’entreprise de fixer des tarifs suffisamment élevés pour garantir une rentabilité, et force la compagnie à envisager des mesures drastiques : vente d’appareils, cession de biens immobiliers et de créneaux dans les aéroports, licencier 270 pilotes et en rétrograder 140 autres, du poste de commandant de bord au poste de copilote dès cet automne.

Au second trimestre 2025, Spirit a dérapé sur le plan financier : ses réserves de trésorerie se sont effondrées, passant de plus d’un milliard de dollars en fin d’année 2024 à seulement 407,5 millions de dollars à fin juin 2025. Conséquence, sa note de crédit a été rétrogradée à  CCC-  par Fitch Ratings, soulignant « une consommation de liquidités très élevée » et une vulnérabilité extrême. Le cours de son action a d’ailleurs plongé de plus de 40%.

La direction alerte sur une « incertitude substantielle » quant à la survie du groupe. Cet avertissement légal, appelé « going concern », signale au marché que la compagnie risque de ne plus être capable d’honorer ses engagements et pourrait cesser ses opérations d’ici un an si elle ne parvient pas à mobiliser de nouveaux capitaux. Cette instabilité s’explique aussi par le rejet des offres de rachats successives : la tentative de fusion avec JetBlue (pour 3,8 milliards de dollars) a échoué en 2024 sous pression réglementaire, tout comme l’alliance avortée avec Frontier Airlines.

Spirit poursuit son repositionnement stratégique. Pour renouer avec une rentabilité durable, la compagnie propose désormais des options de voyage plus haut de gamme (Premium) tout en reportant les livraisons d’avions, en vendant environ 10 % de sa flotte et donc, en réduisant ses effectifs. Ces services, comme des sièges à espace supplémentaire, semblent mieux passer auprès des clients que les billets économiques très basiques qui faisaient autrefois la réputation de Spirit, avec sa dénomination d’ultra low cost. Mais l’efficacité de ces initiatives reste à démontrer. La compagnie réduit son exposition sur certains marchés et concentre ses efforts sur des destinations internationales et des villes de taille moyenne.

La chute éventuelle de Spirit pourrait bouleverser le secteur des vols à bas coûts aux États-Unis, avec une redistribution des créneaux et des parts de marché sur un segment à part, Spirit proposant des tarifs ultra-low cost. Dans ce contexte troublé, une autre annonce marque la vie de Spirit : le départ à la retraite de John Kirby, Vice-Président de la planification du réseau, annoncé officiellement le 18 août 2025. Kirby quittera ses fonctions à la fin du mois, concluant une carrière remarquable de plus de 40 ans dans l’aviation.

Arrivé chez Spirit fin 2018, John Kirby a piloté une expansion majeure du réseau et contribué à faire de Fort Lauderdale (FLL) le bastion de la compagnie. Son expertise a aussi été mise à profit chez Alaska Airlines, Southwest Airlines et AirTran Airways avant Spirit. La direction salue « une personnalité clé, innovante et un leader inspirant », tandis que le successeur n’a pas encore été désigné, la priorité étant une transition sans heurts. « Si le secteur aérien est magique, ce sont surtout les gens formidables rencontrés en chemin qui l’ont rendu spécial. Je me réjouis de ce que l’avenir réserve à l’industrie ! », a déclaré Kirby lors de son annonce.

Spirit Airlines en pleine incertitude quant à son avenir (à plus d'un an)… 1 Air Journal

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