Boeing a annoncé jeudi le lancement d’une campagne de recrutement d’ouvriers « permanents » pour remplacer les 3 200 salariés en grève depuis un mois dans trois de ses usines spécialisées dans la fabrication d’appareils militaires aux États-Unis. Ce mouvement social, qui dure depuis le 4 août, perturbe la production d’avions de combat comme le F-15 et le F/A-18, ainsi que de drones et systèmes de formation pour pilotes.

Selon Dan Gillian, vice-président de la division Air Dominance et responsable de l’usine de St. Louis (Missouri), Boeing affirme avoir formulé la « meilleure proposition » possible lors des négociations sociales et se dit prêt à « envisager des changements » pour permettre le retour des grévistes. Toutefois, le syndicat des machinistes IAM, qui représente les salariés en grève, continue de réclamer de meilleures conditions, notamment une rémunération en adéquation avec le coût de la vie, ainsi que des contrats respectant l’ancienneté et l’expérience. Le rejet massif par les adhérents (à 67%) de la dernière offre sociale proposée par Boeing avait été à l’origine de la grève.

Face à ce blocage, Boeing passe à la vitesse supérieure avec l’ouverture d’un processus de recrutement pour des postes permanents de production. Une foire de l’emploi est programmée le 16 septembre, et les offres d’emploi sont déjà diffusées. Ces nouveaux ouvriers recevront la même formation et certifications que tous les employés Boeing, garantit l’avionneur. Cependant, les salariés en grève ne sont pas assurés de retrouver leur poste une fois le mouvement social terminé. Une porte-parole de Boeing a précisé que, si un poste ne se libère pas immédiatement, les anciens grévistes seront placés sur une liste d’attente jusqu’à ce qu’un poste correspondant à leurs qualifications soit disponible.

Ce bras de fer entre Boeing et le syndicat intervient un an après une autre importante grève dans les usines dédiées aux avions de ligne, ayant duré plus de sept semaines dans la région de Seattle, laquelle avait fini par coûter environ 10 milliards de dollars à l’avionneur. Cette précédente grève avait abouti à un accord prévoyant une hausse de salaire moyenne de 38% sur quatre ans. Cette fois, Boeing propose une augmentation moyenne de 40%, ainsi qu’un renforcement des congés payés et des jours de maladie.

Pour les grévistes, ce conflit ne se limite pas à la question salariale : il s’agit aussi de préserver leur dignité professionnelle et la reconnaissance de leur expertise dans un secteur exigeant des compétences pointues. Le recours à des ouvriers non syndiqués et à des remplaçants permanents pourrait aggraver les tensions et poser des défis quant à la qualité et à l’efficacité des productions.

Le syndicat appelle Boeing à reprendre les négociations plutôt qu’à remplacer ses salariés. Le constructeur, lui, insiste sur la nécessité de maintenir la production et d’assurer la continuité des livraisons à ses clients, dans un contexte où la demande en équipement militaire reste forte.

Face à un mouvement social historique, Boeing embauche des ouvriers permanents pour casser la grève 1 Air Journal

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