Le samedi 13 septembre, un Boeing 787-8 Dreamliner de la compagnie réunionnaise Air Austral, transportant plus de 250 passagers et  reliant Mayotte à Paris, a dû être dérouté en urgence vers Djeddah, en Arabie saoudite, après une soudaine chute de pression d’huile sur un moteur. 

L’appareil avait décollé de Mayotte comme prévu, avant une escale technique à Nairobi, et venait de reprendre sa route vers la capitale française lorsqu’il a subi l’incident. L’équipage a reçu une indication de basse pression d’huile sur l’un des moteurs (Trent 1000). Il a coupé le moteur et s’est dérouté vers Djeddah pour un atterrissage en toute sécurité sur la piste 34R environ une heure plus tard.

Un Boeing 777-300 de remplacement, immatriculé F-OREU, a été dépêché depuis Paris à Djeddah. Il a repris le vol avec les passagers en rade et devait atteindre Paris avec un retard d’environ 24 heures. L’avion accidenté était toujours immobilisé à Djeddah environ 20 heures après son atterrissage.

Il s’agit du deuxième incident technique en moins d’un mois au sein de la flotte d’Air Austral. Quelques jours auparavant, un Airbus A220 de la compagnie avait déjà été immobilisé en raison d’un problème moteur. Ce nouvel épisode survient alors même que le Dreamliner impliqué revenait d’une période prolongée de maintenance en Espagne, ce qui risque d’alimenter les interrogations sur la fiabilité de la flotte long-courrier.

Ce dernier incident a eu des répercussions sur son programme. Le vol Paris–Dzaoudzi, initialement prévu dimanche 14 septembre, a été repoussé à ce lundi 15 septembre à 07h15, avec une arrivée programmée à Mayotte en fin de journée. Le vol UU273 Mayotte–Réunion, prévu lundi matin, est quant à lui retardé à 17h55.

Spécialiste des liaisons entre l’océan Indien, la métropole et l’Afrique, Air Austral exploite actuellement deux exemplaires de Boeing 787-8, livrés entre 2016 et 2017, ainsi que trois Airbus A220 pour ses dessertes régionales.

Concernant l’histoire, les deux Boeing 787-8 livrés à Air Austral ont à l’origine été concernés par un problème de surpoids. Ces appareils avaient initialement été commandés par All Nippon Airways (ANA), mais ils avaient été fabriqués avant la finalisation des spécifications techniques définitives. En conséquence, ils ont nécessité des renforcements structurels conséquents qui ont entraîné un surpoids important par rapport aux standards normalement attendus. Refusés par ANA en raison de ce surpoids, ils ont été stockés chez Boeing à Everett avant d’être cédés à Air Austral à partir de 2016 à un tarif fortement réduit.

Cette particularité technique est liée à une série des premiers Dreamliner dits « terrible teens », premiers exemplaires livrés avec des défauts structurels et un poids accru, réduisant leur rayon d’action de près de 1850 km (1000 miles nautiques) par rapport aux modèles livrés depuis. Ce surpoids et leur conception initiale ont probablement contribué aux difficultés techniques répétées rencontrées par Air Austral sur ces appareils, notamment au niveau des moteurs Rolls-Royce Trent 1000.

Détenue à 55% par la société RunAir, rassemblant des investisseurs réunionnais, et à 44% par la Sematra, société d’économie mixte (région, département, Caisse des Dépôts), Air Austral est sortie très lourdement endettée de la crise du Covid-19, qui l’a mise complètement à l’arrêt. Elle cumulait 300 millions de dettes avant de bénéficier de multiples aides publiques puis d’être restructurée début 2023 sur fond d’apport de capitaux privés. Elle a depuis obtenu d’autres aides financières et ses affaires vont un peu mieux. Air Austral a présenté ses comptes issus de l’exercice 2024-2025, dévoilant le retour à l’équilibre du résultat d’exploitation. Le résultat net continue à ce jour d’être négatif.

Un 787 Dreamliner d’Air Austral dérouté en urgence vers l’Arabie saoudite 1 Air Journal

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