Spirit Airlines, en grande difficulté financière, s’apprête à réduire d’un quart son offre de vols à partir de novembre et envisage de tailler dans les rémunérations de ses pilotes, pourtant négociées par leur syndicat, afin d’économiser 100 millions de dollars par an.
La compagnie low cost américaine, qui a déposé son bilan pour la deuxième fois en moins d’un an, a prévenu qu’elle n’exclurait pas des milliers de suppressions de postes. Dans une lettre adressée mardi au syndicat des pilotes (Air Line Pilots Association, ALPA) et consultée par Business Insider, le directeur des opérations John Bendoraitis a proposé l’ouverture de réunions quotidiennes avec les représentants syndicaux dès mercredi prochain. Il a souligné que l’entreprise n’avait « que peu de temps » pour parvenir à un accord, faute de quoi Spirit pourrait demander à la justice, d’ici le 1er octobre, de modifier ou de rejeter purement et simplement la convention collective des pilotes sur la base du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites.
Le directeur général, Dave Davis, a de son côté justifié la restructuration par la nécessité de « concentrer le réseau sur les marchés les plus solides ». Il a toutefois reconnu que cette réorganisation se traduirait par un redimensionnement des effectifs, sans donner de chiffres précis. Spirit examine également la taille future de sa flotte, ce qui laisse présager une réduction durable de ses activités.
Spirit, longtemps emblématique du transport aérien ultra-low cost aux États-Unis, traverse une crise existentielle. Dès janvier 2025, quelque 200 salariés avaient déjà été licenciés dans le cadre des premières mesures d’austérité. Cet été, l’entreprise a réduit ses liaisons vers onze villes, un vide aussitôt comblé par United Airlines. Le dépôt de bilan fin août a confirmé l’échec du précédent plan de redressement, pourtant annoncé comme décisif au début de l’année.
Spirit Airlines avait déjà eu recours à une procédure similaire en novembre 2024, dans le cadre d’un accord prévoyant une réduction de sa dette. Elle avait alors bénéficié d’une injection de 350 millions de dollars de la part de ses créanciers, en échange d’actions. Cette restructuration, validée par un juge le 20 février 2025, devait alléger sa dette d’environ 800 millions de dollars. Pourtant, la compagnie avait engrangé une perte nette de 245 millions de dollars au deuxième trimestre 2025, son premier trimestre complet après la sortie de cette première faillite.
Ces turbulences interrogent sur la viabilité du modèle ultra low cost dans un marché américain de plus en plus dominé par des transporteurs misant sur une montée en gamme ou un service premium. Spirit, connue pour ses tarifs très bas mais aussi pour ses pratiques souvent controversées — bagages payants, sièges serrés, incidents à répétition ayant entaché son image — se retrouve désormais dans l’incapacité de rassurer investisseurs, salariés et passagers sur son avenir.
Au 30 juin dernier, la dette de Spirit atteignait 2,69 milliards de dollars, dont 930 millions à rembourser d’ici 2030. La compagnie a même averti en août qu’elle pourrait ne pas survivre à la fin de l’année si elle échouait à mettre en place de nouvelles économies. En 2022, Frontier Airlines avait tenté de fusionner avec elle dans le cadre d’une opération à 2,9 milliards de dollars, avant que JetBlue ne propose une offre supérieure — finalement bloquée par les autorités américaines de la concurrence.

Aucun commentaire !