Le ministère américain des Transports (DOT) a averti qu’en cas de paralysie budgétaire à Washington, plus de 11 000 employés de la Federal Aviation Administration (FAA) pourraient être placés en congé sans solde à partir de ce soir, à minuit.

Cela représente près d’un quart des 45 000 salariés de l’agence fédérale en charge de la sécurité de l’aviation civile. Les grandes compagnies américaines — United Airlines, Delta Air Lines, American Airlines et Southwest Airlines — redoutent un chaos opérationnel. Dans un communiqué, elles ont prévenu qu’« un blocage partiel des financements publics risque d’entraîner des retards et perturbations à l’échelle nationale ». La crainte porte en particulier sur les grands aéroports de correspondance comme New York-JFK ou Chicago-O’Hare. Les contrôleurs aériens et les agents de sûreté du Transport Security Administration (TSA) seraient contraints de maintenir leur service mais sans rémunération jusqu’à la fin du gel budgétaire.

La FAA a confirmé qu’environ 13 000 contrôleurs aériens actifs resteraient mobilisés pour garantir la sécurité du trafic. Mais ils ne seraient pas payés durant la période de shutdown. Or, l’agence accuse déjà un déficit de près de 3 800 contrôleurs par rapport à ses objectifs de recrutement. L’administration fédérale a précisé qu’elle poursuivrait tout de même l’embauche et la formation de nouveaux contrôleurs, contrairement aux arrêts complets de recrutements observés lors de précédentes crises budgétaires. Cette décision vise à éviter un affaiblissement durable du système de navigation aérienne.

Les experts préviennent cependant qu’un tel dispositif conduit inévitablement à de l’absentéisme. « Lors du shutdown de 2019, des contrôleurs et des agents de sûreté, lassés de travailler sans salaire, avaient multiplié les arrêts maladie », rappelle un analyste du secteur. Cela avait entraîné un ralentissement des vols à l’aéroport de New York-LaGuardia et des files d’attente interminables aux points de contrôle de sécurité dans tout le pays.

Cette fois encore, ce sont environ 50 000 agents de la TSA qui devraient continuer à contrôler les passagers sans percevoir leur salaire. Des pertes économiques chiffrées à 1 milliard de dollars par semaine. L’association Airlines for America, qui regroupe les plus grandes compagnies aériennes américaines, estime que des retards massifs et une réduction des fréquences seraient inévitables en cas de shutdown prolongé. De son côté, l’U.S. Travel Association alerte déjà sur une perte économique colossale : « Chaque semaine de fermeture gouvernementale coûterait environ un milliard de dollars au secteur des voyages et du tourisme », a indiqué l’organisation.

Les services essentiels resteraient assurés

Ces pertes concerneraient non seulement les compagnies aériennes, mais également les hôtels, loueurs de voitures et d’autres acteurs du tourisme, avec des répercussions sur l’ensemble de l’économie américaine. Le Département des Transports (DOT) a précisé que sur ses 53 717 employés, environ 12 200 seraient mis en congé forcé. La FAA représenterait la part la plus importante de ces réductions. Toutefois, les fonctions cruciales liées à la sécurité — comme la certification des avions, de leurs moteurs ou encore la supervision des lancements spatiaux commerciaux — continueraient sans interruption.

Le shutdown américain d’octobre 2025 est la conséquence d’un conflit politique au Congrès entre démocrates et républicains au sujet du budget fédéral pour l’année fiscale 2026, qui commence le 1er octobre 2025. Le budget actuel a expiré à minuit hier soir sans qu’un accord de financement ne soit parvenu à être adopté. Les républicains proposent une prolongation du budget actuel jusqu’à fin novembre. En revanche, les démocrates conditionnent leur soutien à la poursuite du financement à certaines dépenses sociales, notamment liées à la loi sur les soins abordables (« Obamacare »), qui prévoient des crédits d’impôts et aides pour les ménages modestes. Ces dépenses ont été en partie réduites ou supprimées par le précédent mandat républicain à la Maison Blanche.

Cette crise survient alors que depuis mars 2024 les budgets doivent être prolongés plusieurs fois par des résolutions temporaires, en l’absence de loi de finances complète votée. La paralysie actuelle, si elle se confirme, entraînera la suspension des dépenses dites discrétionnaires, qui représentent environ 27% des dépenses fédérales. Si leur durée est en général plutôt courte, le dernier shutdown en date, en 2019, avait duré 35 jours, soit le plus long de l’histoire américaine.

FAA : plus de 11 000 agents menacés de congé forcé en raison d’un blocage budgétaire aux Etats-unis 2 Air Journal

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