À l’occasion de TICAD9, la Banque africaine de développement et le groupe japonais JGC Corporation initient une coopération stratégique pour produire et déployer du carburant d’aviation durable (SAF) sur le continent. Cette alliance pourrait placer l’Afrique en première ligne de l’aviation verte mondiale.

Le 21 août 2025, en marge de la neuvième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9), le vice-président de la Banque africaine de développement, Solomon Quaynor, et le président de JGC Corporation, Shoji Yamada, ont signé à Yokohama une lettre d’intention visant à développer une filière africaine dédiées aux carburants d’aviation durables, plus connus sous le nom de SAF (Sustainable Aviation Fuel).

Issu de sources renouvelables (huiles végétales, déchets organiques, carbone capturé), le SAF constitue une alternative écologique aux carburants fossiles, capable de réduire significativement l’empreinte carbone du transport aérien. En croissance dans les marchés matures, il reste quasi inexistant en Afrique, faute de production locale et d’infrastructures adaptées.

Objectifs et axes de coopération

La lettre d’intention instaure un cadre de collaboration pour :

  • partager des données, études et savoir-faire sur la construction d’une filière SAF en Afrique ;
  • réaliser des analyses de marché et des études de faisabilité pour adapter les technologies japonaises au contexte africain ;
  • explorer des mécanismes de cofinancement, incluant l’investissement public-privé, les prêts et le capital-investissement ;
  • coordonner avec les autorités aéronautiques africaines et identifier des projets pilotes à déployer.

La BAD se chargera de faciliter le dialogue avec les parties prenantes publiques, de promouvoir le concept au niveau international et de mobiliser des financements. JGC Corporation, forte de son expertise industrielle et énergétique, évaluera le potentiel de production et de distribution de SAF en tenant compte des ressources locales, tout en mettant en avant des solutions technologiques issues du Japon.

« L’adoption de carburants d’aviation durables en Afrique est un élément essentiel dans le processus de réduction des émissions de dioxyde de carbone sur le continent. En outre, elle devrait stimuler la compétitivité du secteur à long terme. Ce partenariat avec JGC contribuera à ouvrir de nouvelles perspectives pour l’aviation verte et à positionner l’Afrique comme un pionnier dans ce secteur », a déclaré Solomon Quaynor, vice-président de la BAD.

« Nous sommes fiers de collaborer avec la Banque africaine de développement pour promouvoir les carburants d’aviation durables en Afrique. En tirant parti de notre expérience en ingénierie d’usine et en énergie durable, nous souhaitons contribuer aux efforts de décarbonisation de l’Afrique tout en favorisant la croissance économique et l’innovation locales », a ajouté Shoji Yamada, président de JGC Corporation.

Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), l’adoption de SAF pourrait réduire les émissions nettes de CO₂ du secteur aérien jusqu’à 80 % par rapport au kérosène conventionnel. Les compagnies aériennes européennes et nord-américaines sont déjà engagées dans des programmes de substitution partielle ou totale du carburant fossile, encouragés par des politiques publiques et des incitations financières.

En Afrique, le défi est double : créer une production économiquement viable et garantir l’accès à une chaîne logistique fiable. L’accord entre la BAD et JGC intervient alors que plusieurs pays africains, dont l’Afrique du Sud et le Kenya, commencent à tester des mélanges SAF sur vols commerciaux. Si ce programme aboutit, il pourrait stimuler l’emploi industriel, réduire la dépendance énergétique et renforcer la compétitivité du transport aérien africain sur le marché mondial.

Vers un objectif plus vert : l’Afrique accélère sur le carburant d’aviation durable 1 Air Journal

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