Aux États-Unis, le « shutdown » (gel budgétaire fédéral) a provoqué une vague d’absentéisme inédit chez les contrôleurs aériens : certains désertent leurs postes faute d’être payés, provoquant retards et annulations de vols dans de nombreux aéroports du pays.

Plus d’une douzaine d’aéroports, notamment Chicago et Boston, connaissent des pénuries critiques de personnel. Cette semaine, le régulateur de l’aviation civile, la Federal Aviation Administration (FAA), a dû ralentir le trafic aérien par mesure de sécurité, alors que la pénurie de contrôleurs aériens s’aggrave de jour en jour. Officiellement considérés comme « essentiels », ils sont tenus d’assurer la continuité du service sans rémunération mais un certain nombre choisit le congé maladie ou refuse de se rendre au travail.​

Face à la multiplication des arrêts de travail, le ministre américain des Transports Sean Duffy exhorte ces agents de l’Etat à « faire leur travail » tout en admettant que le stress généré par l’absence de paie est insoutenable. « Si nous avons un petit groupe de contrôleurs qui ne se présentent pas au travail et qui posent problème… si certains de nos employés ne sont pas aussi dévoués que nécessaire, nous allons nous séparer d’eux », a-t-il prévenu sur Fox Business. Le ministre a toutefois salué les 90 à 95% de contrôleurs qui continuent de travailler quotidiennement malgré l’absence de rémunération, soulignant qu’une « petite fraction » d’absents suffit à créer « des perturbations massives » dans le trafic aérien américain.

L’association des contrôleurs aériens américains (NATCA) alerte sur les risques pour la sécurité aérienne, et la FAA estime que désormais 53% des retards sont causés par ce manque de personnel, contre 5% habituellement, rapporte le Wall Street Journal. Rien que cette semaine, plus de 21 000 vols ont été retardés en raison de l’absence de certains contrôleurs aériens. La Maison Blanche menace de sanctions, voire de licenciements en cas d’absentéisme répété, et de ne pas garantir le versement des arriérés de salaire.

Contexte politique du gel budgétaire
Depuis le 1er octobre 2025, le Congrès américain est incapable de voter un budget, plongeant l’Administration fédérale dans l’arrêt partiel de ses activités. Plus de 600 000 fonctionnaires sont en chômage technique ou au travail sans rémunération. Le bras de fer entre républicains et démocrates bloque tout compromis : chaque camp s’accuse de prolonger la crise budgétaire, alors que le pays semble aller tout droit vers une troisième semaine de « shutdown ».

Cette crise touche le premier marché aérien mondial, qui voit transiter chaque jour environ 45 000 vols et quelque 2,3 à 3 millions de passagers. Les États-Unis devraient dépasser 850 millions de passagers aériens en 2025, soit un trafic supérieur aux niveaux d’avant la pandémie. Le ralentissement du trafic et l’absentéisme risquent de coûter un milliard de dollars par semaine au secteur du transport et du tourisme.

« Shutdown » aux États-Unis : des contrôleurs aériens désertent leur poste, faute de salaires 1 Air Journal

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