Dans un rapport préliminaire publié le 22 octobre, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) confirme qu’un Airbus A320 de Nouvelair a failli se poser sur une piste occupée par un appareil easyJet à l’aéroport de Nice le 21 septembre dernier.

L’incident, dû à une confusion de piste, aurait pu virer au drame. Les enregistrements dévoilés mettent en lumière les échanges tendus entre la tour de contrôle et les pilotes, ainsi que plusieurs facteurs contributifs. Le rapport du BEA, long de 23 pages, détaille avec une précision minute par minute les événements de la soirée du 21 septembre. À 23h31, l’Airbus A320 de Nouvelair, en provenance de Tunis, amorce son atterrissage sur la mauvaise piste. En face, un A320 d’easyJet est aligné pour décoller.

Selon les données enregistrées, les deux avions ne se sont séparés que par 10 pieds (environ trois mètres) lorsque le commandant de bord de Nouvelair effectue une remise de gaz d’urgence. Une collision aurait été «  quasiment inévitable » , souligne un enquêteur cité par le BEA. Le rapport confirme que le pilote tunisien « était convaincu d’approcher la bonne piste » alors que la tour de contrôle lui avait confirmé à plusieurs reprises une autre trajectoire.

Cinq confirmations ignorées depuis la tour

Entre 23h19 et 23h31, la tour de contrôle de Nice mentionne au moins cinq fois la piste destinée à l’appareil Nouvelair : la piste 4L (nord). Pourtant, le vol s’aligne vers la piste 4R (sud), réservée ce soir-là aux décollages. Le BEA écrit : « La contrôleuse a confirmé à plusieurs reprises la piste d’atterrissage 04 gauche. Le pilote a accusé réception mais a poursuivi vers la 04 droite. » Ces échanges mettent en évidence une erreur persistante malgré un dialogue actif. Au moment où les alarmes retentissent dans la salle de contrôle, le risque de collision est déjà critique.

L’enquête ne s’arrête pas à la simple hypothèse d’une erreur humaine. Le rapport préliminaire décrit des conditions météorologiques dégradées – visibilité réduite et faible luminosité – susceptibles d’avoir altéré la perception visuelle du pilote. Autre facteur souligné par le BEA : la configuration singulière de l’aéroport de Nice. Contrairement à d’autres plateformes, les procédures locales imposent souvent un usage inversé des pistes pour limiter le bruit au-dessus de la ville.

Le BEA note qu’« il est d’usage que les appareils se posent sur la piste sud, mais ce 21 septembre, les procédures locales orientaient les arrivées sur la piste nord ». Une inversion inhabituelle qui pourrait avoir renforcé la confusion du pilote tunisien.

Pas d’anomalie technique, mais une différence de luminosité constatée

Les enquêteurs n’ont relevé « aucune défaillance du balisage lumineux », mais signalent « une différence d’intensité lumineuse entre les deux pistes parallèles ». Ce point pourrait expliquer que l’équipage ait identifié par erreur la piste la plus lumineuse comme celle indiquée par le contrôle aérien. Le BEA précise : « Cette différence n’explique pas à elle seule la confusion, mais elle constitue un élément contributif à l’erreur de trajectoire. »

L’enquête reste ouverte. Un rapport final viendra préciser la chaîne décisionnelle, les procédures de communication et les mesures préventives attendues pour éviter un scénario similaire dans des conditions nocturnes.

À la suite de l’incident, les autorités aéroportuaires et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) ont amorcé une révision des protocoles d’approche et d’éclairage du site. Plusieurs syndicats de contrôleurs demandent par ailleurs une amélioration immédiate des repères visuels sur les pistes parallèles. « Cet incident grave démontre que le risque d’erreur de piste, bien que rare, demeure réel lorsqu’il s’ajoute à des facteurs environnementaux et humains », conclut le BEA.

Crash évité à Nice : le BEA confirme une erreur de piste 1 Air Journal

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