Sous la menace d’une cessation de paiement et confrontée à une pression sans précédent de ses créanciers, la compagnie ultra low-cost américaine Spirit Airlines a conclu, in extremis, des accords de principe avec ses syndicats de pilotes et de personnels de cabine. Ces concessions contractuelles ouvrent la voie à un financement vital pendant la procédure de faillite.
Spirit Airlines a annoncé la conclusion d’accords provisoires avec les syndicats représentant ses quelque 3 000 pilotes (Air Line Pilots Association, ALPA) et plusieurs milliers de personnels navigants commerciaux (Association of Flight Attendants, AFA-CWA). Ces compromis, exigés par les créanciers dans le cadre de la restructuration sous chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, étaient la clé pour libérer une nouvelle tranche de financement (DIP), indispensable à la poursuite des opérations de la compagnie.
100 millions de dollars d’économies exigés
La direction de Spirit a confirmé que le plan validé impose environ 100 millions de dollars de concessions salariales annuelles, affectant principalement les pilotes, alors que le transporteur a déjà réduit sa capacité de 25 % et placé des centaines de salariés en congé sans solde ou au chômage technique depuis septembre. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie de réduction drastique des coûts, dictée par des résultats financiers encore dégradés malgré une précédente restructuration au printemps.
La survie immédiate de Spirit reposait sur cet accord avec le personnel : il conditionnait le décaissement d’une seconde tranche de financement DIP, après une première enveloppe de 200 millions de dollars (sur un total de 475 millions approuvés par le tribunal fédéral de New York). Ce financement court terme permet à la compagnie de conserver ses avions en ligne et d’éviter une liquidation immédiate, mais il s’accompagne d’obligations de restructurer les accords de travail.
« Cet accord témoigne d’une volonté partagée par nos équipes et partenaires syndicaux d’assurer l’avenir de Spirit. Nous remercions ALPA et l’AFA pour leur collaboration et leur engagement », a déclaré Dave Davis, PDG de Spirit Airlines. Il a également salué la « résilience et le professionnalisme » des personnels dans cette période critique.
Du côté syndical, l’objectif affiché était de limiter la casse, dans un contexte où l’industrie américaine connaît une offre excédentaire de capacités après le boom post-Covid-19, rendant difficiles les reclassements. L’AFA-CWA insiste sur le maintien d’une protection sociale minimale pour les navigants en congé forcé, et des discussions sont engagées avec d’autres compagnies pour faciliter la mobilité interne.
Spirit Airlines avait déjà traversé une première procédure de faillite début 2025, générant l’effacement de près de 800 millions de dollars de dettes, sans toutefois réussir à rétablir ses équilibres financiers sur un marché surcapacitaire et ultra-concurrentiel. La compagnie low cost prévoit de réduire de moitié sa flotte et abandonner des pans entiers de son réseau, misant sur une taille moindre pour assurer sa survie et sa rentabilité future.
Au 30 juin dernier, la dette de Spirit atteignait 2,69 milliards de dollars, dont 930 millions à rembourser d’ici 2030. En 2022, Frontier Airlines avait tenté de fusionner avec elle dans le cadre d’une opération à 2,9 milliards de dollars, avant que JetBlue ne propose une offre supérieure — finalement bloquée par les autorités américaines de la concurrence.

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