Le groupe Lufthansa a officiellement confirmé avoir soumis une offre pour participer au processus de privatisation de TAP Air Portugal.

Le transporteur allemand a indiqué avoir envoyé, avant la date limite, une lettre d’intention à Parpública, la société holding d’État portugais qui supervise la procédure. Ce dépôt formalise l’intérêt déjà manifesté depuis plusieurs mois par Lufthansa, en concurrence directe avec Air France-KLM et le groupe IAG (British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus), eux aussi en lice pour devenir partenaires du transporteur lusitanien.

Dans son communiqué, Lufthansa explique que « l’objectif du processus est d’établir un partenariat à long terme afin d’assurer l’avenir prospère de TAP en tant que compagnie aérienne nationale du Portugal ». Cette alliance permettrait de renforcer le rôle de Lisbonne comme hub atlantique du groupe, en optimisant la connectivité entre l’Europe et ses destinations long-courriers stratégiques en Amérique du Sud, en Afrique et en Amérique du Nord.

Lufthansa, déjà très présente au Portugal, exploite environ 280 vols hebdomadaires vers et depuis les aéroports portugais. Elle emploie près de 400 collaborateurs sur place, un effectif qui pourrait atteindre 1 000 personnes d’ici 2030 avec la construction d’un nouveau site Lufthansa Technik près de Porto. Le groupe allemand souligne vouloir « développer un partenariat industriel durable » qui s’appuierait sur les synergies de son modèle multi-marques, déjà éprouvé avec Swiss, Austrian Airlines et Brussels Airlines.

Une privatisation au format encadré

L’État portugais, qui détient actuellement 100 % du capital de TAP, prévoit d’en céder jusqu’à 44,9 % tout en conservant une majorité de 50,1 %. Environ 5 % du capital serait réservés aux salariés. Les candidats doivent être des compagnies aériennes ou des groupes de transport ayant réalisé un chiffre d’affaires annuel d’au moins 5 milliards d’euros au cours de l’une des trois dernières années, selon les critères fixés par le gouvernement.

Renationalisée en 2020 pour surmonter la crise du Covid-19, TAP avait déjà fait l’objet d’une première tentative de privatisation en 2023. Le processus avait été suspendu à la suite des élections législatives de mars 2024, avant d’être relancé sous un format révisé par le nouvel exécutif.

Les critères de sélection imposés par le gouvernement sont clairs : le partenaire choisi devra préserver la marque TAP, développer le réseau de la compagnie et sa flotte, et renforcer les liens aériens stratégiques du Portugal, notamment avec les pays lusophones. L’ancrage de TAP dans son hub principal de l’aéroport Humberto Delgado à Lisbonne, ainsi que sur les bases secondaires de Porto et Faro, figure également parmi les priorités de l’État. À noter que l’ensemble du processus inclut aussi certaines filiales comme Portugália Airlines, ses activités de restauration (Cateringpor), et son pôle de services au sol (SPdH).

Air France-KLM a, de son côté, confirmé début novembre avoir également déposé une offre de participation, marquant ainsi une nouvelle étape dans la rivalité des grands groupes européens sur le marché atlantique. De son côté, IAG devrait formaliser sa position dans les semaines à venir. Toute opération devra toutefois obtenir le feu vert de la Commission européenne, particulièrement vigilante sur les risques de concentration excessive sur les marchés européens et sur la compétition tarifaire. Des ajustements de réseau pourraient être exigés pour éviter toute distorsion de concurrence.

Principaux atouts de TAP Air Portugal
La compagnie aérienne nationale portugaise détient près de 54% des créneaux horaires de l’aéroport de Lisbonne, un hub stratégique et saturé, ce qui lui confère une position dominante sur les liaisons transatlantiques. Elle est le leader européen des liaisons vers le Brésil (25% de la capacité Europe-Brésil), ainsi que vers les pays africains lusophones, des marchés à fort potentiel de croissance. Elle dessert plus de 80 destinations et a transporté 16,1 millions de passagers en 2024. Son département de maintenance et développement est également considéré comme un atout stratégique.l

Privatisation de TAP : Lufthansa confirme sa candidature face à Air France-KLM et IAG 1 Air Journal

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