Vendredi 3 octobre, l’aéroport Nantes-Atlantique a connu une journée particulièrement difficile, marquée par des conditions météorologiques défavorables et des moyens d’atterrissage jugés inadaptés par plusieurs acteurs du secteur.

Le résultat : de nombreux vols, en provenance de Paris-CDG, Munich, Madrid, Montpellier, Berlin, Londres, Genève, Dublin, Lyon, Lisbonne et Barcelone et d’autres, n’ont pas pu se poser, certains ayant été contraints de regagner leur point de départ (source Flightradar24). En conséquence, les vols au départ de l’aéroport nantais ont également été annulés.​

Au même moment, l’aéroport de Saint-Nazaire parvenait à accueillir des appareils — Beluga, avions privés — sans difficulté, malgré des conditions météorologiques similaires. Ce contraste s’explique par la présence à Saint-Nazaire d’une procédure performante d’atterrissage RNP (Required Navigation Performance) pour sa piste 26. Nantes-Atlantique, qui accueille plus de sept millions de passagers par an, reste limité à une approche VOR/RNP pour la piste 21 aux minima pénalisants lorsque le régime météorologique d’Ouest prédomine.​ A noter que Nantes-Atlantique et Saint-Nazaire sont tous les deux exploités par VINCI Airports.

Ce type de perturbation n’est pas isolé. Si la presse locale relate ponctuellement ces dysfonctionnements, la question de fond — l’axe d’approche désaxé par rapport à la piste — demeure peu abordée. Cet axe d’approche devait initialement être transitoire pour éviter le survol du centre-ville de Nantes dans l’attente d’un transfert d’aéroport aujourd’hui abandonné.​

L’abandon du projet Nantes-Notre-Dame-des-Landes, intervenu il y a huit ans, rend aujourd’hui nécessaire l’introduction d’une procédure performante dans l’axe de la piste 21 (ILS ou RNP) afin d’assurer la régularité des vols et le respect des passagers.

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) prévoit de modifier en 2026 la procédure d’approche à Nantes-Atlantique en introduisant une trajectoire guidée par satellite dite RNP AR (Required Navigation Performance – Authorization Required). Cette nouvelle technologie permettra aux avions de suivre une trajectoire décalée très proche de l’existante, tout en offrant un guidage précis même en cas de mauvaises conditions météorologiques. L’objectif est d’améliorer à la fois la sécurité et la régularité des atterrissages, tout en limitant le survol de nouvelles zones habitées et en réduisant les nuisances sonores.

Cependant, selon deux contrôleurs aériens nantais, l’un en activité et l’autre à la retraite, la mise en place de la procédure RNP/AR 21 ne devrait pas permettre d’atteindre pleinement ces objectifs car toujours désaxée. Qui plus est, lorsque la piste 21 est inaccessible par vent d’ouest, les pilotes tentent des approches en piste 03, équipée d’un ILS, avec du vent arrière. Le contrôle aérien doit alors gérer des arrivées sur la piste 03 conjuguées à des départs sur la piste 21, impactant la fluidité des opérations. Selon le témoignage de ces contrôleurs aériens, une solution mixte — combinant la procédure actuelle par conditions favorables et une approche ILS ou RNP dans l’axe 21 par temps dégradé — représenterait réellement un compromis pertinent sur le plan opérationnel.

Selon une enquête du quotidien régional Ouest-France, les diverses parties prenantes pointent un manque d’ambition collective et une absence de projet concret permettant d’apporter des réponses structurelles face à l’augmentation du trafic et aux défis environnementaux. Plusieurs réunions et consultations publiques ont eu lieu, mais aucun calendrier précis ni décision structurante n’a été arrêté à ce jour. Cette situation entretient une incertitude sur l’avenir de la plateforme et les riverains, ainsi que les acteurs économiques qui restent en attente d’une feuille de route permettant de concilier développement aéroportuaire et préoccupations environnementales, conclut Ouest-France.

Aéroport Nantes-Atlantique : entre déroutements et manque de perspective 1 Air Journal

Nantes-Atlantique piste 21 @Ministère des Transports