Aux États-Unis, le secrétaire aux Transports Sean Duffy a trouvé le coupable idéal des incivilités à bord : le pyjama en porte d’embarquement et la claquette-chaussette au contrôle de sûreté. À l’approche de Thanksgiving, il a lancé une campagne de « civilité » appelant les voyageurs à « s’habiller avec respect », histoire de bannir chaussons et tenues de nuit des aéroports américains.​

Dans une vidéo au parfum années 1950 intitulée « The Golden Age of Travel Starts With You », des passagers tirés à quatre épingles laissent place à des images de leggings, t-shirts informes et pieds nus, avant que le ministre en costume gris impeccable n’explique qu’« un jean et une chemise correcte suffisent » et qu’il vaudrait mieux éviter « pyjamas et chaussons ».​

« Habillez-vous mieux, vous volerez mieux »
Sean Duffy défend une théorie simple : mieux habillé, mieux élevé ! Selon lui, s’astreindre à une tenue un peu plus soignée encouragerait chacun à se comporter avec davantage de courtoisie en cabine. La campagne demande ainsi aux voyageurs d’arriver à l’aéroport « avec un peu de respect », de garder leurs chaussures et d’éviter de poser leurs pieds nus sur le siège de devant, devenu visiblement un enjeu de sécurité nationale.​

« Je garde mon jogging, bonne journée »
De nombreux commentateurs pointent un détail fâcheux : les passagers se sentent déjà traités comme du bétail, et on leur suggère maintenant de se déguiser en figurants d’un film Pan Am des années 1950.​ Sur les réseaux sociaux, la campagne a déclenché un déluge de réactions ironiques. Des voyageurs ont résumé leur position en une formule lapidaire : « Remettez les vols à l’heure et on arrêtera de s’habiller comme pour passer la nuit à l’aéroport. » Une candidate démocrate texane a même promis de voler en bas de pyjama « par principe », histoire de montrer que la résistance peut aussi être élastique et à taille unique.​

Certains responsables politiques ont choisi l’arme du photomontage, en diffusant l’image d’un haut fonctionnaire fédéral voyageant pieds nus, pour souligner que la morale vestimentaire commence peut‑être par le haut. Des éditorialistes relèvent qu’une administration connue pour ses invectives publiques, y compris le Président Donald Trump à bord d’Air Force One, n’est peut‑être pas la mieux placée pour distribuer des certificats d’élégance.

Les règles en vigueur à bord
La plupart des grandes compagnies prévoient depuis longtemps des règles plus ou moins explicites. American Airlines exige par exemple une tenue « appropriée », excluant les pieds nus ou les vêtements jugés offensants, pendant que Delta Air Lines se réserve le droit de débarquer tout voyageur dont la tenue ou l’hygiène « incommode » les autres. Hawaiian Airlines interdit bikini, maillot de bain et pieds nus, rappelant à certains qu’ils ne sont plus tout à fait sur la plage au moment de monter à bord.​

Au Moyen‑Orient, Saudia ou Qatar Airways lient directement dress‑code en cabine et normes locales : épaules couvertes, shorts au‑dessus du genou proscrits, vêtements trop moulants déconseillés, en particulier pour les passagères. De leur côté, certaines low‑cost européennes n’affichent pas de code vestimentaire détaillé, mais se réservent, comme leurs homologues américaines, le droit de refuser tout vêtement jugé « obscène » ou provocateur, laissant une large marge d’interprétation aux équipages.​

De Heathrow à Honolulu, leggings partout, sanctions rarement
Sur le terrain, la réalité est pourtant beaucoup plus souple que les grands discours sur la décence. À Londres‑Heathrow, un reportage récent notait surtout la domination écrasante du combo survêtement‑legging‑baskets, chez des passagers qui privilégient visiblement le confort à l’esthétique de salon feutré. Et malgré la montée des polémiques, les équipages rappellent que les cas de refus d’embarquement pour tenue inadaptée restent l’exception, souvent liés à des vêtements très révélateurs ou à des messages haineux imprimés sur des t‑shirts.​

https://twitter.com/SecDuffy/status/1992401161161527581