Boeing a annoncé la finalisation de l’acquisition de Spirit AeroSystems, dans le cadre d’une transaction valorisée à environ 8,3 milliards de dollars dette comprise, soit 4,7 milliards pour les seuls capitaux propres.
L’opération est structurée en échange d’actions et vise pour Boeing à réintégrer un fournisseur jugé critique après plusieurs années de tensions sur la qualité, suite à l’arrachage d’un panneaux de fuselage d’un 737 MAX d’Alaska Airlines en janvier 2024 et les précédents crashs de Lion Air et Ethiopian Airlines du programme ayant fait 346 morts.
Boeing couvre l’ensemble de ses programmes commerciaux
Le périmètre repris par Boeing couvre l’ensemble des activités liées à ses programmes commerciaux, notamment les fuselages de 737, les grandes structures des 767, 777 et 787, ainsi que des éléments destinés aux dérivés militaires P‑8 et KC‑46. L’intégration inclut aussi le plus gros fournisseur de pièces de rechange de Boeing et renforce le réseau de maintenance, réparation et révision (MRO) de l’avionneur, avec environ 15 000 salariés intégrés à Wichita (Kansas), Dallas (Texas), Tulsa (Oklahoma), Belfast et Prestwick.
Airbus sécurise Belfast, Prestwick et Saint-Nazaire
En parallèle, Airbus a signé un accord définitif pour reprendre des actifs jugés « stratégiques » pour ses propres programmes, principalement autour de l’A220 et de la production d’éléments d’ailes. Le constructeur européen prend la main sur la fabrication des ailes d’A220 à Belfast, ainsi que sur la production de la section médiane du fuselage de l’A220, en l’absence de repreneur tiers pour cette partie du site.
Airbus reprend également les activités de fabrication de bords d’attaque et de bords de fuite d’ailes d’A320 et d’A350 à Prestwick, en Écosse. Ces transferts doivent soutenir la montée en cadence des familles A220, A320neo et A350.
Le constructeur européen précise également qu’il prend officiellement possession des anciens sites Spirit de Kinston en Caroline du nord (sections de fuselage d’A350), Saint‑Nazaire (sections d’A350, intégré comme Airbus Atlantic Cadréan), Casablanca (composants d’A321 et d’A220), Belfast et Prestwick (ailes et composants d’ailes pour A220, A320 et A350), ainsi que de la production de pylônes d’A220 transférée de Wichita vers Toulouse Saint‑Éloi. Airbus met en avant deux éléments clés : le renforcement du contrôle sur sa chaîne de production d’aérostructures et la compensation financière nette de 439 millions de dollars qu’il doit recevoir de Spirit.
Un tournant inédit dans la chaîne mondiale d’approvisionnement
Pour Boeing, le retour de Spirit « en maison mère » se présente comme un « moment charnière » permettant de consolider la sécurité, la qualité et la stabilité de la production après des années de crises successives. L’avionneur regroupe ses principaux sites sous la bannière de la division avions commerciaux, tandis que les activités de défense de Spirit seront logées dans une nouvelle entité, Spirit Defense, afin de garantir la continuité des programmes militaires et spatiaux.
Il reste à préciser du côté européen qu’ Airbus prépare déjà des projets d’extension de sa capacité de production d’ailes à Belfast, appelée à devenir un centre d’excellence A220, tandis que son rival Boeing devra reconstruire des processus de qualité et de sécurité intégrés, sous le regard attentif des régulateurs.

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