Le premier des deux nouveaux Boeing 747-8 destinés à devenir le futur Air Force One ne sera livré qu’à la mi-2028, soit un an plus tard que prévu. Un nouveau contretemps pour un programme déjà en retard et dont le coût dépasse désormais les 5 milliards de dollars.

La Force aérienne américaine (US Air Force) a confirmé, vendredi, que la livraison du premier appareil “VC-25B” — la version militarisée et hautement modifiée du Boeing 747‑8 — est repoussée à mi‑2028, contre 2027 jusqu’ici. Le second exemplaire suivra « plus tard la même année », selon un communiqué cité par CNBC et Defense One. Ce glissement de calendrier représente désormais quatre années de retard sur le planning initial.

Un programme stratégique… et ultra complexe

Le programme Air Force One vise à remplacer les deux VC‑25A actuellement en service, des Boeing 747‑200 livrés en 1990 et utilisés par tous les présidents américains depuis George H. W. Bush. Chaque nouvel avion bénéficie d’un aménagement sur mesure, avec des systèmes de communication sécurisés, des contre‑mesures électroniques et un blindage renforcé lui permettant d’assurer la continuité du commandement en cas de crise nationale.

Boeing a rappelé dans un communiqué que son « objectif reste de livrer deux avions exceptionnels au pays ». Mais le constructeur accumule les difficultés depuis l’attribution du contrat initial en 2018 pour 3,9 milliards de dollars. Le coût global dépasse aujourd’hui 5 milliards, tandis que Boeing a déjà passé 2,4 milliards de dollars de pertes sur ce programme.

Selon le Government Accountability Office (GAO) américain, les retards s’expliquent par des défis techniques, des problèmes d’approvisionnement et des changements de sous-traitants. Boeing a également dû composer avec des complications liées à la pandémie de Covid‑19 et à des failles de sécurité dans une entreprise partenaire, GDC Technics, qui avait obtenu le contrat d’aménagement intérieur avant sa faillite en 2021.

Ce nouveau report pourrait irriter l’ancien président Donald Trump, réélu en novembre 2024, qui aurait souhaité voler à bord du nouvel avion avant la fin de son mandat, en janvier 2029. Il avait déjà exprimé son mécontentement vis-à-vis de Boeing plus tôt dans l’année, tout en écartant l’idée d’un recours à Airbus.

Un 747 reçu en cadeau de la part du Qatar : une porte de sortie honorable ?

En parallèle, les États-Unis ont accepté en mai 2025 le don d’un Boeing 747 de luxe offert par le Qatar, un appareil initialement configuré pour un usage VIP gouvernemental. Le Pentagone a chargé L3Harris Technologies d’en assurer la transformation rapide pour un usage de soutien présidentiel temporaire — une initiative présentée comme une solution d’attente en cas de nouveau retard du VC‑25B. Cependant, ce Boeing 747-8, âgé de 13 ans, d’une valeur estimée autour de 400 millions de dollars et offert sans contrepartie financière au Pentagone dans le cadre d’un « don inconditionnel », signé le 7 juillet 2025, coûtera cher avec un surcoût estimé à un milliard de dollars.

Le programme Air Force One demeure hautement symbolique pour Boeing, déjà fragilisé par les déboires du 737 MAX et du 787. Il représente à la fois un enjeu d’image nationale et une vitrine technologique. Mais chaque report accroît la pression politique à Washington, où certains élus dénoncent « la dérive d’un chantier emblématique du savoir‑faire américain ».

Air Force One : la nouvelle version du Boeing 747-8 encore retardée 1 Air Journal

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