Les compagnies aériennes devraient battre un nouveau record de bénéfice net en 2026, à 41 milliards de dollars, mais avec une rentabilité toujours jugée « trop faible » par l’IATA au regard du rôle économique du secteur. Les revenus dépasseront le seuil symbolique de 1 000 milliards de dollars, tandis que les marges resteront quasi stables par rapport à 2025 et 2024.
Selon les dernières prévisions financières publiées cette semaine par l’Association internationale du transport aérien (IATA), le bénéfice net consolidé du secteur devrait atteindre 41 milliards de dollars en 2026, contre 39,5 milliards en 2025 et environ 30 milliards en 2024. Cela correspond à une marge nette de 3,9 %, stable entre 2025 et 2026 et proche du niveau prévu pour 2024, malgré un environnement de coûts encore tendu.
« Les compagnies aériennes devraient générer une marge nette de 3,9 % et un bénéfice de 41 milliards de dollars en 2026. C’est une nouvelle extrêmement bienvenue compte tenu des vents contraires auxquels l’industrie fait face », souligne Willie Walsh, directeur général de l’IATA. Mais il estime aussi que « les marges sectorielles restent dérisoires au regard de la valeur créée par les compagnies aériennes», rappelant que le rendement du capital investi (6,8 % attendu en 2026) reste inférieur au coût moyen du capital, évalué à 8,2 %.
Chiffre d’affaires au‑delà de 1 000 milliards en 2026
Le chiffre d’affaires total du transport aérien est attendu à 1 053 milliards de dollars en 2026, après 1 008 milliards en 2025 et un peu moins de 960 milliards en 2024, soit une progression d’environ 4,5 % par an sur les deux exercices. La hausse des revenus devrait légèrement dépasser celle des dépenses d’exploitation, attendues à 981 milliards en 2026 (+4,2 % sur un an), ce qui explique l’amélioration, certes modeste, du résultat net.
Les recettes passagers devraient atteindre 751 milliards de dollars en 2026, contre 716 milliards en 2025 et un peu plus de 680 milliards en 2024, portées par une croissance de près de 5 % du trafic en passagers‑kilomètres (RPK) et un coefficient de remplissage record de 83,8 %. Les revenus dits « ancillaires » (bagages, sièges payants, services additionnels) progresseraient à 145 milliards, soit près de 14 % des ventes, une part en hausse par rapport à l’avant‑Covid.
Profits 2024‑2026 : une trajectoire ascendante mais fragile
Entre 2024 et 2026, la profitabilité suit une trajectoire ascendante, avec une remontée graduelle des bénéfices mais des marges qui plafonnent autour de 4 %. Pour 2025, l’IATA anticipe un résultat opérationnel de 67 milliards de dollars (marge opérationnelle de 6,6 %) et un bénéfice net de 39,5 milliards, en progression par rapport à 2024 où les profits nets tournaient autour de 30 milliards pour une marge proche de 3,1–3,3 %.
En 2026, le résultat opérationnel grimperait à 72,8 milliards de dollars, pour une marge opérationnelle de 6,9 %, ce qui traduit une amélioration de l’efficacité mais ne suffit toujours pas à couvrir pleinement le coût du capital du secteur. « Les compagnies aériennes ont bâti une résilience qui amortit les chocs et permet une rentabilité stable, mais l’industrie ne crée pas encore de valeur au niveau requis pour un secteur qui soutient près de 4 % du PIB mondial », insiste Willie Walsh.
Coûts, carburant et contraintes structurelles
Le recul attendu du prix du pétrole devrait apporter un léger répit en 2026, le baril de Brent étant projeté à 62 dollars en moyenne, contre 70 dollars en 2025, pour un prix moyen du kérosène en baisse de 2,4 %. Les dépenses de carburant resteraient néanmoins proches de 252 milliards de dollars et représenteraient un peu plus d’un quart des coûts d’exploitation, alors que les économies de consommation sont limitées par le vieillissement de la flotte et les retards de livraison d’avions neufs.
Les coûts hors carburant, eux, progresseraient de près de 6 % en 2026 pour atteindre 729 milliards de dollars, tirés par la masse salariale, la maintenance, les loyers d’avions et les redevances d’infrastructure. « Les défis de la chaîne d’approvisionnement, la pression réglementaire et l’augmentation des coûts restent autant de freins à une amélioration plus nette des marges », résume l’IATA.
Une demande solide, portée par 5,2 milliards de voyageurs
Sur le plan commercial, l’association attend 5,2 milliards de passagers transportés en 2026, soit 4,4 % de plus qu’en 2025, et une nouvelle hausse du trafic passagers, tirée notamment par l’Asie‑Pacifique, le Moyen‑Orient et l’Amérique latine. La demande cargo devrait également progresser, avec 71,6 millions de tonnes prévues en 2026 et des recettes estimées à 158 milliards de dollars, soutenues par le e‑commerce et certains flux industriels comme les semi‑conducteurs.
Dans ce contexte, l’IATA met en avant le rôle central de l’aviation comme moteur de la mondialisation : selon ses chiffres, le transport aérien soutient 87 millions d’emplois et près de 4 % du PIB mondial. « Les passagers attendent une industrie sûre, durable, efficace et rentable. Ils comprennent l’importance de la connectivité aérienne pour l’économie et pour leur qualité de vie », insiste encore Willie Walsh, citant un sondage où 90 % des voyageurs jugent la connectivité aérienne cruciale pour l’économie.

@IATA
Ben Voyons a commenté :
21 décembre 2025 - 13 h 14 min
On en parle de tous les écolo-bobos qui nous prédisaient péremptoirement la fin du transport aérien, le changement inéluctable des habitutes de transport dans le monde, le retour à la byciclette et aux vacances sous la tente sans chauffage et sans eau chaude ? Les rigolos qui prennent leurs désirs pour des réalités…