La Commission européenne a ordonné, lundi 22 septembre 2025, à la compagnie Ryanair de restituer 1,8 million d’euros perçus de l’aéroport de Carcassonne entre 2001 et 2011.

Selon Bruxelles, ces versements, issus d’accords commerciaux conclus à l’époque avec la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) locale, constituent des aides publiques illégales au regard des règles européennes de concurrence. La décision s’accompagne d’une obligation de remboursement majorée des intérêts. L’affaire remonte à 2012, lorsque la Commission européenne avait ouvert une enquête sur plusieurs contrats signés par Ryanair avec l’aéroport de Carcassonne. Ces accords prévoyaient notamment des remises sur les redevances aéroportuaires et des engagements de promotion touristique de la région. Selon l’analyse de l’exécutif européen, ils procuraient un avantage économique indu à la compagnie low cost par rapport à ses concurrentes.

Dans le même dossier, Bruxelles a en revanche validé 11,7 millions d’euros de financements publics accordés à la CCI de Carcassonne, principalement destinés à la modernisation des infrastructures aéroportuaires. Ces sommes, jugées conformes aux intérêts généraux, ne sont donc pas contestées par l’Union européenne.

Ryanair, une habituée des contentieux

Ce type de sanction n’est pas une première pour la compagnie irlandaise. Depuis le début des années 2000, Ryanair a multiplié les implantations dans de petits aéroports régionaux européens grâce à des accords marketing et des subventions locales. Plusieurs d’entre elles ont été remises en cause par Bruxelles, au motif qu’elles fausseraient la concurrence. La low cost a ainsi été contrainte par le passé de rembourser des montants similaires en France, en Allemagne, en Belgique ou encore en Italie.

Interrogée lors de précédentes procédures, Ryanair a toujours défendu la légalité de ses partenariats, les qualifiant de conformes aux règles de marché. La compagnie rappelle également que ses bases régionales contribuent à dynamiser le tourisme local et à créer des emplois directs et indirects. Néanmoins, la Commission européenne estime que ces arguments ne sauraient justifier des accords conférant un avantage commercial sélectif et financé par l’argent public.

La décision de Bruxelles s’inscrit dans un contexte de plus en plus critique envers le modèle économique des petits aéroports en France et en Europe. Dans un rapport publié en 2023, la Cour des comptes française dénonçait un maillage trop dense et une dépendance excessive aux subventions publiques pour assurer la survie de nombreuses plateformes régionales. Des aides jugées souvent peu efficaces au regard du trafic réellement généré. Avec ce nouvel épisode, la Commission européenne renforce son message : les aides publiques ne peuvent servir à financer la stratégie de compagnies privées, même si celles-ci contribuent à l’attractivité des territoires.

La direction de Ryanair a réagi auprès d’Air Journal, indiquant son intention de faire appel de cette décision : « Ryanair fera appel de cette décision et nous sommes convaincus que la Cour reconnaîtra le caractère indépendant de nos accords commerciaux historiques (2001-2011) avec l’aéroport de Carcassonne, qui ont permis d’apporter le trafic et la connectivité nécessaires à cette région périphérique. Après avoir validé 40 milliards d’euros d’aides d’État aux compagnies nationales européennes pendant la Covid – dont la moitié a ensuite été jugée illégale par la Cour – la Direction Générale de la concurrence démontre une nouvelle fois que son application du droit des aides d’État est sélective et partiale. Ryanair a exhorté la Direction Générale de la Concurrence à récupérer immédiatement les avantages des aides Covid illégales accordées à Lufthansa et Air France-KLM au lieu de gaspiller l’argent public dans des enquêtes vaines sur des accords aéroportuaires vieux de 25 ans et bénéfiques tant pour les aéroports que pour les consommateurs. »

Ryanair devra rembourser 1,8 million d’euros à l’aéroport de Carcassonne, selon une décision de Bruxelles 1 Air Journal

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